LE DERNIER METRO

Paris, septembre 1942. Lucas Steiner, directeur de théâtre juif doit se terrer dans la cave pour échapper à la Gestapo. Sa femme, Marion, dirige à sa place la troupe et engage Bernard Granger, transfuge du Grand Guignol, pour jouer à ses côtés dans « La Disparue », une pièce écrite par Steiner lui même. La presse les attend au tournant, surtout Daxiat, un journaliste d’extrême droite et sympathisant nazi , à la tête de la revue « Je suis partout »…

Avec ce 19e long métrage de fiction, François Truffaut connut le succès public le plus retentissant de sa carrière, couronné par plus de trois millions d’entrées en France. L’enfant terrible de la Nouvelle Vague bâtit Le Dernier Métro sur des dualités, racontant à la fois une histoire du monde du spectacle (avec la préparation et la représentation d’une pièce de théâtre) et une histoire « historique » relatant le Paris occupé pendant la Guerre, dans le double jeu de l’acteur principal de la pièce, également membre d’un réseau de résistance. Sur un scénario très romanesque comme il les affectionnait, Truffaut évoque donc le quotidien d’une troupe comme il l’avait fait avec La Nuit Américaine et son hommage au tournage d’un film de cinéma. Récit d’amour et de mensonges, comme la chanson entendue et utilisée au générique « Les amants de St Jean » de Lucienne Delyle (sortie à cette époque troublée), le film parle aussi de passion féminine partagée entre deux hommes (renvoyant à Jules et Jim) et de nécessité de se cacher pour sauver sa vie (la cave dans laquelle Steiner se planque étant un des décors dominants de l’action). Truffaut rend bien le climat de l’Occupation par une reconstitution appliquée et par des aspects précis tels que les vêtements, les objets, le marché noir, délaissant parfois l’émotion stricte, donnant une sensation de « bel objet cinématographique » un peu désincarné. La plupart du temps, il allie habilement le charme et la gravité dans un seul mouvement, adoptant son ton de conteur bien connu.

Le Dernier Métro apparait clairement comme une parabole sur le rôle de l’Art dans un contexte sinistre (la guerre et la chasse aux Juifs) et assume son double « genre »: littéraire pour ses dialogues écrits avec justesse et dramatique pour souligner les passions vives de chacun des protagonistes. Au premier rang desquels figure bien sûr son actrice de La Sirène du Mississipi, Catherine Deneuve, qu’il dirige donc pour la deuxième fois: elle y incarne impérialement cette femme forte, influente, battante pour son mari et aussi secrètement amoureuse de son partenaire de jeu. Truffaut organise la première des dix collaborations artistiques de la belle blonde avec Gérard Depardieu, animal fougueux dans le rôle du résistant secret et coureur de jupons. L’alchimie qui ressort de ce duo demeure une des grandes réussites du film. La qualité des seconds rôles (Andréa Ferréol, Sabine Haudepin, Heinz Bennent, Jean Poiret) ajoute un supplément d’âme incontestable. Bien qu’accusé de tomber dans le piège de la fameuse « Qualité Française » qu’il avait tant fustigé du temps de son passage à la revue des Cahiers du Cinéma, l’auteur des 400 Coups rencontra la consécration absolue avec l’obtention de 10 César (actrice, acteur, réalisateur et film entre autres) pour cette oeuvre prouvant une bonne fois pour toutes qu’il n’y a pas incompatibilité entre cinéma d’auteur et cinéma populaire.

ANNEE DE PRODUCTION 1980.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

LE film de la maturité pour Truffaut, atteignant son plus gros succès public et personnel avec cet hommage au théâtre et aux années d'Occupation. Magnifique casting dominé par Catherine Deneuve et Gérard Depardieu (tous deux lauréats d'un César).

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

LE film de la maturité pour Truffaut, atteignant son plus gros succès public et personnel avec cet hommage au théâtre et aux années d'Occupation. Magnifique casting dominé par Catherine Deneuve et Gérard Depardieu (tous deux lauréats d'un César). LE DERNIER METRO