LE MOUTON ENRAGE

Nicolas Mallet est un modeste employé de banque résigné à la médiocrité sociale par la sécurité que lui procure son emploi. Introverti, avec l’aide et les directives de son ancien camarade de lycée, Claude Fabre, il va devenir un séducteur assuré, un arriviste opportuniste sans ambition définie. Mallet va entamer une fulgurante ascension sociale…

Dans sa longue carrière courant sur plusieurs décennies, le réalisateur Michel Deville a enchainé succès et flops, réussites et déceptions. Ce Mouton Enragé, tiré d’un roman de Roger Blondel, rentre aisément dans la catégorie de ses « bons crus ». Entre libertinage et arrivisme sentimental, le récit dépeint l’ascension d’un homme médiocre et peu entreprenant qui parvient à s’élever socialement, en suivant à la lettre les conseils et même les instructions d’un ami écrivain (vivant de son côté par procuration les défis relevés). Cette fable psycho sociale empreinte d’une cruauté certaine se situe quelque part dans la catégorie des tragi comédie de la vie, un mélange détonant que Deville aime traiter avec son élégance naturelle et son sens du spirituel. Comme Maupassant avec son Bel Ami, le cinéaste décortique les jeux de pouvoir, démontre que les femmes et l’argent mènent le monde et qu’en définitive la candeur ne tient qu’un temps limité face à la perversion et au calcul. Comme souvent chez lui, on ne sait plus très bien qui manipule qui, qui perd et qui gagne, et la bonne éducation de ces bourgeois cyniques ne les empêchent pas de se comporter comme de sacrés salauds. Si l’écrivain se sert du banquier frileux pour assouvir une revanche glacée, aucun n’en sortira vraiment vainqueur. Le Mouton Enragé nous joue une petite musique aussi insolente que plaisante, malgré un déroulé un peu vain, car au final quand le « petit mouton sortira du troupeau pour ne plus « subir » et deviendra un loup féroce », il n’en restera pas moins un personnage sinistre de la génération Giscard.

Deville convoque comme d’habitude une très belle distribution, portée par les deux acteurs principaux que sont Jean Louis Trintignant, parfait en banquier veule et égoïste et Jean Pierre Cassel, formidable dans un rôle hautement déplaisant. A leurs côtés, les femmes apportent sensualité, délicatesse et classe: d’abord avec Romy Schneider, émouvante épouse infidèle, Jane Birkin jolie comme un coeur et piquante comme tout, enfin Florinda Bolkan et Estella Blain dans son ultime rôle à l’écran complètent le casting. Avec un humour à froid et une tendance à l’ambiguité, cet opus de Deville annonce déjà le ton acide qu’il adoptera dans Péril en la demeure ou Eaux Profondes, sans toutefois les égaler.

ANNEE DE PRODUCTION 1974.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un des bons films de Deville, bien dialogué, à mi chemin entre la comédie acerbe et le drame feutré. Trintignant et Romy se démarquent dans un casting de grande qualité.

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