Tom Ripley est chargé par un riche armateur américain de ramener son fils, Dickie Greenleaf, au pays. Ce dernier mène une existence dissolue en Italie, dépensant sans compter son argent avec sa petite amie, Marge. Sur place, Tom découvre un monde idyllique, entre farniente et boites de jazz… Mais quand Dickie lui refuse son amitié, Tom est prêt à tout pour s’approprier cette vie de rêve…
Le fait est assez rarissime pour être souligné: un remake dépassant quasiment l’oeuvre originale! C’est le cas de ce Mr Ripley, roman de Patricia Highsmith dejà porté à l’écran par René Clément dans Plein Soleil. Un très beau film avec un Delon superbement filmé. Anthony Minghella, fort du succès du Patient Anglais s’empare de cette histoire en additionnant un impressionnant nombre de qualités. À commencer par un script fouillé, étudiant scrupuleusement la psyché déstructurée d’un jeune homme en quête d’identité, rattrapé par des désirs de meurtre qu’il ne peut maîtriser afin de ne pas être démasqué. Ensuite, par une photographie admirable rendant toutes les lumières de l’Italie (des ruelles du Vieux Naples au petit port de Mongibello, en passant par la Grande Rome et enfin la Venise si romantique). Le suspense discret et soutenu de l’intrigue est en outre scandé par une BO envoûtante signée Gabriel Yared, collant très bien au trouble et même au malaise du personnage, s’autorisant même des pointes de lyrisme appréciables. Mr Ripley parvient à égaler Plein Soleil sur le mode du polar vénéneux, dans le déroulement inexorable du plan machiavélique, dans les mensonges proférés sans scrupules, dans ce jeu de faux semblants où Ripley ne sait bientôt plus qui il est vraiment, à force de brouiller les pistes. Minghella apporte une fluidité dans sa mise en scène « adoucissant » presque la violence et les actes du protagoniste.
C’est Matt Damon qui reprend le rôle de Delon, certes avec un physique moins félin mais davantage dans la séduction angélique. Comme un ange de la mort. Jude Law se rapproche du jeu de Maurice Ronet en noceur jouissant égoistement de la vie. De son côté, Gwyneth Paltrow trouve un de ses meilleurs rôles en petite amie délaissée mais pas si naîve, tandis que Cate Blanchett se distingue dans un petit rôle avec tout le talent qu’on lui connaît. La dimension homosexuelle que Clément avait effacé en 1960 reprend ses droits ici (époque oblige) et ajoute une complexité supplémentaire à ce tricheur manipulateur. Bref, ce Talentueux Mr Ripley s’éloigne des remakes insipides pour offrir un film fascinant et plus que recommandable.
ANNEE DE PRODUCTION 2000
