Alors que la Première Guerre mondiale vient d’éclater, deux frères, Roy et Monte, s’engagent dans la Royal Air Force. Ensemble, ils vont affronter les pilotes ennemis, livrer de périlleux combats aériens, braver le danger, côtoyer la mort et… tomber amoureux de la même femme, Helen.
Le milliardaire américain Howard Hugues, dont la vie extravagante a fait l’objet d’un film de Scorsese, The Aviator, nourrissait deux passions majeures: le cinéma et l’aviation. Avec sa mégalomanie et son aplomb incroyables, il entreprit donc d’allier les deux en réalisant ce film de guerre démesuré, au budget pharaonique de 4 millions de dollars (c’était du jamais vu à la fin des années 20, même les superproductions de Griffith coûtaient moins cher!). Sur la base d’une histoire très classique de deux frères, proches mais rivaux en amour et alliés dans leur effort pour combattre l’ennemi, Hugues a tout mis en oeuvre pour offrir un spectacle hallucinant et virtuose au niveau technique et son film peut rivaliser en batailles aériennes, en descentes d’avions, en raids d’escadrilles, en bombardements et en action avec tout ce qui a été fait depuis (et souvent avec l’aide de plans numériques). Alors que lui n’a eu recours à aucun trucage, aucun fond vert, tous les plans aériens ont été tournés avec des dizaines de vrais appareils et le rendu reste encore aujourd’hui impressionnant. Démarré comme un film muet, Hugues voyant débouler le cinéma parlant, recommença toutes les séquences dramatiques pour y insérer du dialogue et de la vie, rajouta aussi une scène de bal grandiose en… couleurs!
Ses deux acteurs, Ben Lyon et James Hall, ne sont pas des cadors de l’interprétation, ils se défendent passablement en gardant les tics inhérents au muet, à savoir un jeu par moments très emphatique. C’est surtout la présence de la toute jeune Jean Harlow, 19 ans, la blonde platine la plus réputée d’Amérique avant Marilyn, qui marqua les esprits, avec son rôle de femme légère, séduite par les deux frères et revendiquant une soif de liberté plutôt mal vue par le Code Hays. Son personnage n’apparait que vingt minutes à peine sur les 2H de projection, mais personne ne l’oublia. Ces Anges de l’Enfer, symbole même d’une certaine décadence hollywoodienne, est aussi une ode au courage et au patriotisme acharné, et permet de mesurer l’immense ambition d’un homme un peu fou, prêt à tout pour réaliser ses rêves.
ANNEE DE PRODUCTION 1929/1930