Catherine Dupré a commis le crime parfait en substituant un médicament à un autre pour se débarrasser de son riche mari et faire accuser Gina, la jolie infirmière et maitresse de ce dernier. De plus, Catherine est protégée et défendue par Maitre Cassidi, son amant avocat aux méthodes redoutables, qui apprend bien vite qu’elle est coupable et qui fait tout pour charger la pauvre Gina, clamant pourtant son innocence…
Les film sur la justice ne manquent pas dans l’histoire du 7e Art, parmi les plus exemplaires on se souvient parfaitement de Douze Hommes en colère, Témoin à charge ou encore La Vérité. Pourtant, s’il est un film méconnu ayant eu moins de retentissement et qui mérite une réhabilitation urgente, c’est bel et bien Les Bonnes Causes, réalisé par Christian Jacque, plutôt d’habitude spécialisé dans les films historiques à costumes (Madame Du Barry, La Chartreuse de Parme). Sur un scénario très brillamment conçu, ce film policier dénote d’emblée par le fait que nous savons très vite qui est le coupable du crime commis, mais qui se penche plutôt sur l’enquête et l’instruction judiciaire qui s’ensuit. Christian Jacque fait le procès d’une justice trop humaine pour rester infaillible et arbitre un duel passionnant entre un juge intègre et un avocat véreux. Porté par des dialogues absolument éblouissants d’Henri Jeanson (déjà responsables de ceux d’Hôtel du Nord et de Marie Octobre), le script s’inspire d’un roman de Jean Laborde et étonne par sa manière de tordre le cou aux situations les plus attendues et de livrer un récit complexe, brisant les stéréotypes et surtout parfaitement amoral. Avec un découpage inventif et une mise en scène inspirée des films noirs américains (surtout dans le prologue angoissant), Les Bonnes Causes allie humour cynique, rebondissements, et surtout réflexion sur une justice de classe aux rouages plus que discutables.
Côté interprétation, le film se révèle jubilatoire avec d’un côté les deux femmes (l’une représentant le vice et l’autre la vertu) incarnées respectivement par Marina Vlady et l’italienne Virna Lisi (très bien d’ailleurs), mais apporte son lot de bonheur avec un grand B grâce à Bourvil, d’une sobriété exemplaire (le drame lui allait décidément bien), en magistrat scrupuleux et humain. Et surtout par la composition génialissime de Pierre Brasseur, rompu aux rôles imposants et qui campe ici l’avocat corrompu par l’amour d’une femme et emporté par ses effets de manches. On a souvent reproché à Christian Jacque un classicisme daté (sûrement justifié pour ses films des années 40 et 50), mais par son discours désabusé et ses répliques acerbes, Les Bonnes Causes fait carrément mentir ses détracteurs.
ANNEE DE PRODUCTION 1963.