Deux amies, la brune Dorothy, sentimentale et un peu nymphomane aussi, et la blonde Lorelei, plus ouvertement attirée par les hommes riches, se produisent ensemble dans des cabarets. Lorelei met le grappin sur Gus, le fils un peu benêt d’un milliardaire. Les deux femmes se rendent à Paris via une croisière, sans savoir que le père de Gus a engagé Malone, un détective privé pour surveiller les agissements de la belle blonde et s’assurer qu’elle est une fille « sérieuse ». Mais l’imprévu arrive: Malone tombe amoureux de Dorothy, qui ne veut surtout pas que l’on fasse du tort à sa copine…
Avec ce fleuron de la comédie musicale américaine, le studio de La Fox offre à Howard Hawks la chance de briller dans un genre dans lequel il n’a pas encore oeuvré et lui adjoint la collaboration du chorégraphe Jack Cole. Car cette adaptation d’un roman d’Anita Loos excelle par ses ingrédients irrésistibles: des chansons, de la danse, des paillettes, et bien sûr de l’humour avec des répliques drôlissimes restées cultes! Etonnamment féministe avant l’heure, le film ne se moque jamais de ce duo féminin jouant avec malice avec l’amour pour ne pas s’en trouver les victimes, et Hawks leur donne un poids essentiel face à des hommes en pamoison devant leurs charmes. Il y a en filigrane une réflexion amère (avec pourtant une joie apparente) sur les rapports hommes/femmes, sans langue de bois, une lucidité sur l’importance de l’argent dans la conduite d’une union, et même si la comédie prime sur la gravité, Les Hommes préfèrent les blondes s’autorise ouvertement du cynisme dans la vénalité que véhicule le personnage de Lorelei.
Les séquences chantées et dansées sont sensationnelles de précision, multipliant les toilettes les plus incroyables, les chorégraphies les plus remarquables et font beaucoup dans la gaieté permanente de l’ensemble. Hawks concocte une mise en scène virevoltante, sans temps mort avec un sens du loufoque proche du « cartoon » et dirige ses deux comédiennes avec le plus grand soin. La brune Jane Russell, prêtée par la RKO, montre un abattage sidérant face à la bombe iconique naissante qu’est sa partenaire, Marilyn Monroe, que ce film va littéralement propulser. Impossible d’oublier son numéro de Diamonds are a girl best friends dans une robe fuchsia éclatante, et surtout son talent pour jouer avec intelligence une ravissante idiote. Ce classique du cinéma hollywoodien possède une valeur inestimable que le temps n’altère en rien.
ANNEE DE PRODUCTION 1953.
