Kit Marlowe est un écrivain confirmé, elle revient dans sa ville natale lorsque son amie d’enfance Millie Drake l’y invite. Kit va pousser cette dernière à publier son propre livre, se révélant très vite un best seller. Devenue un auteur à succès, Millie ne se rend pas compte que son mari Preston, qu’elle délaisse depuis longtemps, se détache d’elle et tombe amoureux de Kit, qui par loyauté pour son amie, refuse les avances de celui ci…
Le titre original est Old Acquaintance, sous entendu « De vieilles connaissances », ne saurait mieux décrire l’amitié dont ce beau film parle. Une amitié féminine, mais encombrée toute leur vie par une rivalité (professionnelle d’abord, puis amoureuse, et dirons nous de manière de penser et de vivre). Un sujet rebattu et souvent traité il est vrai, mais le réalisateur Vincent Sherman parvient, grâce à son sens de la mise en scène, à rendre captivant et réussi. Les dialogues très travaillés et le script enlevé, alliés à un charme certain de cet âge d’Or hollywoodien, sont les grands atouts de cette comédie douce amère, sur la difficulté pour une femme de concilier vie active et vie privée, de savoir garder à la fois son foyer et son intégrité d’artiste. Le film pose ainsi des questions très pertinentes sur la place de la femme dans la société américaine d’alors, au moment où les hommes vont partir au combat.
Finement brodée, cette histoire ne tombe pas dans les pièges faciles du mélodrame larmoyant, au contraire il garde une haute tenue, de par son humour pinçant et sa lucidité d’analyse, montrant combien l’existence peut être ironique parfois, et nous réserver de drôles de tours! Le duel magnifique qui s’offre à nous est en grande partie jouissif grâce aux deux comédiennes vedettes. Si Miriam Hopkins joue bien (quoiqu’elle en fasse un peu trop dans l’emphase…), c’est surtout Bette Davis qui est formidable, crevant l’écran comme personne, et son jeu, aux nuances épatantes, reste d’une modernité stupéfiante. Le plus amusant est que hors caméra, elles se détestaient réciproquement, et que le résultat n’en a été sûrement que meilleur dans leur confrontation. Du cinéma américain comme on en fera plus, hélas!
ANNEE DE PRODUCTION 1943.
