Hutter est envoyé par son maitre pour finaliser un accord de vente de propriété avec le Comte Orlok; séjournant dans les Carpathes. Cependant, il apprend bientôt que Orlok est en fait un vampire qui a les yeux rivés sur Ellen, la jeune épouse de Hutter. Son obsession semble indéfectible et le rendre capable de décimer tout sur son passage pour parvenir jusqu’à elle…
Après la version muette et très expressionniste de Murnau, sortie en 1922, et celle baroque et étrange de Herzog, tournée en 1978, il s’agit de la troisième adaptation du roman de Bram Stoker, Dracula, dont s’empare cette fois Robert Eggers, auteur de The Witch et The Lighthouse. Un cinéaste spécialisé dans le fantastique et qui livre là une lecture très contemporaine du fameux vampire. Esthétiquement irréprochable (encore que le numérique y est outrageusement utilisé), les images sont souvent belles, les plans recherchés et la mise en scène d’Eggers appuie sur les moments d’effroi pour mieux créer la peur. Sauf que justement, faute à un scénario plan plan, ce Nosferatu là ne nous surprend jamais vraiment et réussit même à agacer par des parti pris désastreux. A commencer par cet inévitable écueil des films d’horreur d’aujourd’hui à faire de l’excessif pour en mettre plein les yeux et enchainent les séquences de possession, de bruits sursignifiants (comme si on avait pas compris que l’on était dans le genre épouvante). Tout en occultant l’âme du roman et surtout le mystère entourant ce vampire à qui l’on prête une voix d’outre tombe assez ridicule et en prime, les dialogues abondent, cassant toute la dynamique de la peur recherchée. Eggers tente de rivaliser avec ses prédécesseurs par la débauche d’effets finalement inutiles. Sans compter que la longueur obèse de 2H15 ne se justifie en rien.
En victime apeurée et fascinée à la fois par le Comte sanguinaire, Lilly Rose Depp a la lourde tâche de passer après Isabelle Adjani: elle nous sert un teint blafard, une moue d’enfant triste et un jeu, correct sans plus, sans doute encore peu expérimentée. Willem Dafoe arrive assez tard dans l’intrigue en Professeur aguerri face au suceur de sang (clin d’oeil évident à sa participation à L’Ombre du Vampire, le film de Merhige où il incarnait Max Schreck, le premier acteur à avoir joué Nosferatu en 1922). Nicholas Hoult, récemment dans Juré N°2, confirme par contre son irrémédiable fadeur en jeune héros lisse comme tout. Robert Eggers a voulu s’attaquer à une légende, un choix risqué que même sa maitrise formelle ne peut rendre « nouveau ». La génération des 13/20 ans, fan de cinéma d’horreur tape à l’oeil et ultra commercial, appréciera sûrement. Les autres beaucoup moins!
ANNEE DE PRODUCTION 2024.