Un homme, obsédé par un rêve, consulte un ami qui lui lit trois récits dans lesquels le rêve et les prédictions ont eu une influence prépondérante…
Après le succès d’Un Carnet de Bal et surtout l’arrivée de la guerre, Julien Duvivier s’exila aux Etats Unis et entama une carrière américaine dès 1941. A la suite d’un film à sketches moyennement convaincant Six Destins, il enchaîne avec un nouvel opus structuré autour de trois histoires sur la prémonition et sur la force de la destinée. Dans le segment 1, lors d’une fête de Mardi Gras, une femme disgracieuse, cachée sous un masque, cherche à accepter l’image qu’elle renvoie afin de s’offrir un avenir plus radieux. Dans le second récit, un médium prédit à un homme qu’il va et doit tuer quelqu’un avant de se marier et se voit obsédé par cette idée. Enfin, dans le troisième chapitre, un funambule voit en rêve sa chute mortelle, sous les yeux effrayés d’une femme, qu’il rencontre peu après en vrai. Duvivier utilise son sens du cadre dans une mise en scène classieuse, soutenue par un très beau noir et blanc et traite du visible, de l’invisible, de la puissance des rêves et de la triste réalité qui les détruit souvent. D’inégale qualité, les sketches ne sont pas tous aussi prenants, le deuxième remportant haut la main une adhésion unanime, avec son aspect surnaturel et quasi fantastique. Il manque certainement à l’ensemble la noirceur chère au cinéaste de La Bandera et qui fera le terreau de ses plus beaux films français de la décennie 50.
Comme pour Six Destins, Duvivier s’entoure d’une éclatante distribution dans laquelle on retrouve avec grand plaisir rien de moins que Edward G.Robinson, Barbara Stanwyck et Charles Boyer (également producteur du film). Leurs rôles respectifs ne comptent certes pas parmi leurs plus marquants, mais ils apportent leur lot de notoriété et de glamour au cinéaste français. Obsessions a laissé peu de traces notables, alors qu’il fait preuve d’un savoir faire certain et que son casting justifie à lui seul sa vision. Curieusement les oeuvres réalisées pendant la guerre par des auteurs de « chez nous » (Renoir compris) sont un peu trop facilement passées sous silence.
ANNEE DE PRODUCTION 1943.