Après un grave accident de moto , Rose est confiée aux soins du Dr Keloid, un spécialiste des greffes. A la suite d’une opération un peu hasardeuse, elle découvre une plaie à une de ses aisselles, en permanence suintante. Peu de temps après, la jeune femme ressent le besoin viscéral de trouver du sang humain pour se nourrir…
Pour son second long métrage après Frissons, le canadien David Cronenberg traite encore d’un cas de contamination, à savoir l’équivalent du virus de la rage. Au travers d’une histoire de vampirisme originale et terrifiante, il brode un scénario malsain et glauque dans lequel le vecteur du Mal est une jeune et jolie femme, prête à tout pour trouver du sang humain. Dans un cadre médical dans lequel l’organique a bien sûr toute sa place (et ce thème revient dans toute l’oeuvre de Cronenberg jusqu’à nos jours), l’horreur va grandissante et se répandre à toute la population de Montréal, et offrir de belles séquences d’épouvante (notamment une panique générale dans une rame de métro, très réussie). Ce qui frappe dans la construction du film, c’est son réalisme et son côté quasi documentaire, dû notamment au grain de la pellicule et au budget ultra modeste. Le futur réalisateur de La Mouche rend aussi hommage à un de ses maitres, George Romero, en incluant quelques plans gore, pouvant tout à fait rappeler Zombie , les victimes de ses morsures se comportant d’ailleurs comme de véritables morts vivants.
La brutalité et la violence de certains passages participent du malaise ressenti à la vision de ces êtres infectés souvent après une simple étreinte amoureuse (la pulsion sexuelle n’est jamais très loin, comme dans Frissons, et annonciatrice d’une mort imminente). Obsédé par les corps ensanglantés ou subissant des blessures atroces, Cronenberg ne lésine pas sur l’hémoglobine, sans pourtant jamais tomber dans la gratuité ou la surenchère. La jeune actrice choisie n’est autre que Marilyn Chambers, une star du cinéma porno des années 70, et qui révèle un jeu tout à fait excellent. Elle est inquiétante et en même temps, elle est aussi une victime du Mal qui l’habite. Enfin, Rage possède un mérite non négligeable: être visionnaire sur nos sociétés modernes, engluées dans le virtuel, la peur de l’autre et bien sûr l’épidémie rampante. Le final, se déroulant dans une décharge d’ordures, annonce l’effondrement de l’état social et rajoute un aspect politique à ce film d’horreur décidément à part.
ANNEE DE PRODUCTION 1977.