SANGRE

Après leur journée de travail, Diego (fonctionnaire) et Bianca (serveuse de fast food) se vautrent sur leur canapé et se gavent de feuilletons à épisodes ou pratiquent le sexe triste machinalement. Quand Karina, la fille de Diego (d’une première union) l’appelle au secours pour chercher un peu de son affection, ce dernier se retrouve coincé entre les crises de jalousie maladive de Bianca et le désespoir de sa fille, dont il ne sait que faire. Bientôt, un événement inattendu va pousser Diego à agir comme il ne l’avait encore jamais fait…

Après l’éclatante révélation d’Alejandro Inarritu, le Mexique nous apporte un nouveau jeune cinéaste singulier dans la sphère cinéma: Amat Escalante. Cet auteur signe avec Sangre un tout premier long métrage impressionnant de radicalité, empreint d’une maitrise remarquable. Il plante sa caméra dans l’existence triste et d’une mortelle platitude d’un couple de « prolos », sans éducation, sans passion, sans conviction et les filme au plus près, ne cherchant pas à les juger, mais juste à montrer la répétition de leurs activités interchangeables, le vide de leur quotidien. Et surtout il dresse un implacable portrait masculin: Diego, anti héros par excellence, au physique rebutant, engoncé dans sa passivité, semble subir sa vie, sans réagir, autant victime de sa femme plutôt autoritaire qu’incapable de se rebeller contre quoique ce soit. La réalisation d’Escalante, sans effets ni gras, est d’une froideur clinique, multipliant les longs plans fixes et ne veut surtout pas plaire ni faire du « beau ». Pas de musique pour surligner le drame, pas d’esthétisme choc pour heurter le regard: le but est de traquer la vérité de ces êtres englués dans leur médiocrité, qui ne s’écoutent plus, ne se voient plus…

La lenteur voulue du métrage peut évidemment rebuter tout un chacun, c’est un cinéma exigeant et austère, mais qui a l’immense mérite de n’être pas dans l’esbrouffe ou l’épate. Le basculement survient sans qu’on s’y attende et dès lors, on suit le cheminement intérieur du protagoniste, face à l’imprévisibilité et au chaos ambiant. Les interprètes Cirlo Recio et Laura Saldana ne semblent pas jouer la comédie et font penser aux petites gens de ces reportages misérabilistes que la télévision diffusaient en grand nombre dans les décennies passées. Ce conte féroce et cruel fut remarqué à Cannes dans la section Un Certain Regard. A n’en pas douter en tout cas, un regard particulièrement cinglant, insufflant un vrai renouveau dans le cinéma mexicain.

ANNEE DE PRODUCTION 2005.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Presque du cinéma vérité: le vide et l'incommunicabilité filmès sans effets ni surplus. Radical au possible.

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