Danièle Breton rencontre Philip à un jeu télévisé. Elle le séduit, le ramène chez elle puis couche avec lui. Le lendemain, Philip entend une dispute entre Danièle et sa soeur jumelle. De sa fenêtre, la journaliste Grace Collier voit Danièle assassiner le jeune homme. Elle… ou sa soeur? Grace appelle la police qui ne la croit pas, elle décide alors de mener sa propre enquête…
Après quelques essais (courts et moyens métrages) pas franchement réussis et ne lui ayant pas permis de percer, Brian De Palma inaugure une série de thrillers avec ce premier long, inspiré d’un fait divers authentique et très largement réalisé avec toutes les influences que le cinéma d’Alfred Hitchcock a eu sur lui. Fasciné par le thème du double (ou du dédoublement de la personnalité), De Palma emprunte et fétichise des idées que le maitre du suspense mit en avant dans Psychose ou Vertigo, agrémente son scénario d’une touche de voyeurisme façon Fenêtre sur Cour et fait sa « tambouille » avec ce mélange inégal d’hommage et de style personnel. Soeurs de sang joue sur l’ambiguité de la représentation: y a t il véritablement deux soeurs (comme le souligne le titre) ou bien est ce le même personnage qui est fou et se divise en deux, à l’instar de Norman Bates? La mise en scène tente d’être à la hauteur de ce postulat, en innovant avec des recherches esthétiques « osées » pour ces années 70: ainsi, De Palma utilise le « split screen » (une manière de séparer l’écran en deux pour suivre deux actions simultanées) et cette technique se poursuivra dans ses oeuvres futures (Carrie, Blow Out, Pulsions, Snake Eyes). Pourtant, force est aussi d’avouer combien d’autres aspects ne sont pas au point: à commencer par la narration, laborieuse et bavarde, où le « suspense » attendu ne tient pas ses promesses, d’autre part la faible qualité de l’interprétation gâche un peu l’ensemble.
Petite amie de De Palma à l’époque, Margot Kidder hérite du rôle principal et ne semble pas en capacité d’inquiéter ou de convaincre totalement avec son personnage de soeur « dérangée ». Le reste du casting n’est guère meilleur, hormis peut être William Finley, incarnant le mari au faciès disgracieux et apportant une petite touche horrifique. La composition musicale, signée Bernard Hermann, parvient à créer un certain trouble, renvoyant encore à Hitchcock (décidément partout). Le problème de Soeurs de Sang est sûrement de crouler sous ses brillantes références et de souffrir du passage du temps. Car contrairement à la quasi totalité des films de Sir Alfred, ce thriller d’épouvante a sacrément mal vieilli!
ANNEE DE PRODUCTION 1973.