Les beaux jours des deux frères Baker, Jack et Franck, sont derrière eux. Duettistes et pianistes de bar assez glauques, ils gagnent à peine de quoi vivre et ne peuvent tabler sur un avenir sûr. Ils embauchent une chanteuse pour renouveler leur duo, la splendide Susie, ex call girl, au très joli timbre de voix. Leur carrière décolle, mais bientôt les relations fraternelles s’accommodent mal de la liaison semi cachée entre Jack et Susie…
Avant de devenir le scénariste attitré de la série Harry Potter , Steve Kloves fut un jour réalisateur, notamment de cette comédie musicale ET sentimentale. Il y est question de jazz, de frères pianistes talentueux mais usés par leur mode de vie harassant et peu gratifiant, et d’une romance entre une jolie blonde qu’ils accueillent dans leur duo avec l’un des deux frères (le plus séduisant tant qu’à faire, mais aussi le plus antipathique). Kloves décrit l’errance professionnelle de ces deux musiciens portés par leur passion, mais qui vivotent sans parvenir à percer vraiment. L’irruption de cette femme au milieu va faire l’effet d’une bombe atomique et révéler leurs tensions sous terraines. Niveau mise en scène, le style oscille entre classicisme et film indépendant, cherchant à traquer la vérité de ces êtres, le tout sur des standards jazzy très agréables à écouter. La bande son signée David Grusin (il fut l’auteur de celle de Tootsie et du Lauréat tout de même!) ajoute un gros plus à une intrigue sinon conventionnelle, disons attendue.
En effet, avant même que la seconde partie ne se profile, on devine que la jalousie va devenir l’élément néfaste de ce trio infernal. Le héros principal, campé par Jeff Bridges (très bon comme souvent) se montre tellement désagréable et odieux qu’il est difficile de s’attacher à son caractère de looser taiseux et renfrogné. Par contre, mention spéciale pour Michelle Pfeiffer, sublime en chanteuse sexy et à la voix de velours et amoureuse du mauvais gars (hélas pour elle!). Une qualité particulière peut être mise au crédit du film, c’est sa façon très juste de décrire l’envers sinistre du métier de musicien. Derrière les paillettes apparentes et le côté bohème, la souffrance provoqué par l’échec et le manque de reconnaissance sont subtilement traités. Pour cela et pour la belle Michelle (nomination à l’Oscar à l’appui), Susie marque des points incontestables. Musique maestro!
ANNEE DE PRODUCTION 1989.
