Impliqué sur un gros coup avec quatre autres truands , Jabeke entend faire cavalier seul pour rafler la mise et entreprend d’attiser la haine et le doute entre ses complices…
Réalisateur français « discret » mais à la carrière riche de titres fameux comme La Piscine, Borsalino ou Flic Story, Jacques Deray s’était spécialisé dans le genre policier dès ses premières réalisations et cette Symphonie compte parmi ses oeuvres de débutant. Dans un style qui n’est pas sans rappeler celui de Melville et son Doulos, avec une série de meurtres, un suspense bien tenu et la rivalité de plusieurs hommes pour décrocher un magot alléchant. En collaboration avec José Giovanni et Claude Sautet au scénario, Deray accouche d’un polar à l’écriture maligne, agrémentée de rebondissements astucieux, baigné dans le noir et blanc et dans des ambiances nocturnes le plus souvent. Le film prend son temps pour installer ses enjeux et il se déroule plus de trente minutes avant que le « grain de sable » ne vienne faire dérailler une mécanique trop bien huilée. Sur le thème de la trahison, l’intrigue tourne autour de cinq hommes amenés à se soupçonner mutuellement et à dénicher « la taupe », tandis que le spectateur, lui, sait d’entrée de jeu qui est coupable. Ce qui surprend agréablement, c’est l’espèce de fatalité pesant sur les protagonistes dont on pressent que quoiqu’ils fassent, ils se dirigent tous vers une mort aussi violente qu’inévitable. Et Deray s’y entend pour aménager des séquences de pur film noir.
La bande d’acteurs employée comprend Charles Vanel, Michel Auclair, Claude Dauphin, José Giovanni et surtout un tout jeune Jean Rochefort, à ses débuts et sans moustache. Il écope du rôle du traitre avec délectation et même si au départ, on craint qu’il ne soit pas assez crédible dans ce registre, la suite nous donne tort. Il est même la valeur ajoutée de cette oeuvre policière éclipsée la même année par Mélodie en sous sol , autre film de gangsters convoitant une très grosse somme d’argent. Le genre de programme devant lequel on ne doit en aucun cas bouder son plaisir.
ANNEE DE PRODUCTION 1963.
