Un agent d’Interpol, un homme d’affaires suisse, un jeune officier de police: ils mènent un jeu dangereux sur fond de divers trafics. Qui sont les coupables, les victimes, les menteurs ou les sincères? Les rôles se brouillent peu à peu…
Les ingrédients habituels d’un thriller ont beau être réunis (un truand, un flic, une femme troublante), l’ambiance « inquiétante » venant accentuer le mystère, Toutes Peines Confondues n’a que l’apparence du polar, et certainement ni sa « vigueur » ni son aspect haletant. Ce qui intéresse le metteur en scène, Michel Deville, n’est pas l’action à proprement parler, plutôt les secrets, les non dits et l’ambigüité instaurés entre ses personnages: alors, il sophistique son récit à l’extrême, au point de le rendre nébuleux et totalement confus. Comme toujours, son cinéma a quelque chose de musical, cette fois il utilise le quatuor de Dimitri Chostakovitch pour accompagner son intrigue alambiquée (pour pas grand chose), ajoutant ici ou là un peu d’érotisme (froid), beaucoup de paroles, découpant les situations au point de nous les rendre obscures. Dommage pour les dialogues, élégants et travaillés, mais qui résonnent en vain et sonnent le plus souvent faux. Manquant cruellement de chaleur humaine, cette oeuvre désincarnée nous laisse sur le bas côté de la route, l’ennui pointant assez vite le bout de son nez.
Excellent directeur d’acteurs, Deville aime faire tourner des stars, confronter des comédiens aux styles opposés, assister à leur affrontement et c’est clairement ce qu’il cherche à provoquer ici, en orchestrant le duel Dutronc/Bruel. A priori, l’affiche est alléchante, à l’arrivée c’est une autre histoire: Bruel trimballe une mollesse pénible, presque déconcerné par son rôle, Mathilda May se sert de ses charmes pour combler un jeu vide. Seul Jacques Dutronc, à peine sorti de son expérience avec Pialat sur Van Gogh, apporte un peu d’ambigüité à cet univers aseptisé. Loin de ses formidables Eaux Profondes ou Péril en la demeure (dont on peut à la rigueur le comparer), Toutes Peines confondues occupe plutôt la place des loupés dans la filmographie de Deville.
ANNEE DE PRODUCTION 1992.