Hélène Masson, une femme d’environ 38 ans, soigne son surmenage et sa déception sentimentale récente dans un institut de thalassothérapie en Bretagne. L’établissement est tenu par le Docteur De Villers et elle y retrouve son ami Jérôme. Très vite, elle trouve que le personnel des lieux, composé de jeunes hommes portugais, a un comportement bizarre et ses doutes s’accentuent lorsque Jérôme est retrouvé mort au pied d’une falaise. Elle décide donc d’en savoir plus sur l’institut et sur le mystérieux traitement de « jouvence » vanté par tous les curiste présents…
Réalisateur français atypique et à l’oeuvre singulière, Alain Jessua n’a jamais connu les faveurs du box office, alors qu’il a signé des films vraiment à part, comme Les Chiens ou Armaguedon, tous deux placés sous le signe d’une menace de fin du monde et d’une civilisation courant à sa perte. Ce Traitement de Choc démarre comme un drame humain (une femme en quasi burn out vient se ressourcer pour une cure), puis le récit dérive vers du thriller étrange, avec le renforcement d’une ambiance inquiétante et des éléments inexpliqués et anxiogènes, enfin le film flirte avec le fantastique de manière très habile, et en gardant toujours le cap d’une certaine crédibilité. Jessua fait preuve d’une mise en scène précise, jouant avec nos nerfs, sachant faire de menus détails des raisons de se dire que décidément, cet institut de thalassothérapie cache des secrets épouvantables et défiant l’entendement. Il ne s’agit pas ici de spoiler le dénouement de ce script diabolique où il est question de privilèges de riches oisifs, au détriment d’une main d’oeuvre étrangère soumise à leur bien être. Mais jusqu’à quel point? Sous couvert de science médicale, des docteurs douteux n’hésitent pas à employer des méthodes barbares. Cette fable dénonciatrice possède assez d’efficacité pour divertir tout en faisant frémir…
L’originalité du propos n’est pas la seule qualité du métrage. Le casting en impose par les retrouvailles d’ Annie Girardot et d’Alain Delon, douze ans après Rocco et ses Frères, les voila cette fois « adversaires »: elle, comme toujours parfaitement convaincante dans le rôle de cette femme dépassée et soupçonneuse dont on utilise les faiblesses, et lui, plutôt glaçant dans son emploi d’obscur médecin. Si la photographie, rude et sèche, accuse les effets du temps, ce film étonnant garde de la force dans sa façon d’injecter dans nos veines le venin d’une terreur diffuse. Réhabilitez M. Jessua, metteur en scène trop méconnu!
ANNEE DE PRODUCTION 1973.
