Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris, pendant l’été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, profiter de ses amitiés, de ses premiers coups de coeur amoureux et surtout se passionner pour le théâtre, se rêvant comédienne. Irène est entrainée dans un tourbillon d’insouciance bien normale à son âge…
On suit bien sûr le parcours d’actrice (très régulier et très fourni en beaux rôles) de Sandrine Kiberlain, depuis maintenant plus de 25 ans. Et c’est donc avec une curiosité bien ancrée que l’on s’intéresse à ses premiers pas de réalisatrice. Elle a imaginé une histoire toute simple, qui pourrait être la sienne: le désir chevillé au corps d’une jeune fille pour le jeu et le théâtre et son ambition d’être une actrice accomplie. Sauf qu’elle situe son film dans l’époque troublée de l’Occupation Allemande… tout en prenant soin de ne pas montrer tout le décorum rattaché à cette période grave! Irène pourrait être une jeune femme d’aujourd’hui, vivant sans peur ni crainte de ses origines juives, comme imperméable aux horreurs du monde, aux sombres desseins des nazis. Du coup, son récit, léger et aérien, comme son héroïne, garde sans cesse une joie, un éclat, semblant ignorer les tourments de l’Histoire. Il y a certes des maladresses par ci par là dans sa mise en scène de débutante, mais elles ne sont pas trop gênantes et l’émotion passe avec subtilité et délicatesse.
En maintenant le « dramatique » hors champ, l’actrice de Neuf Mois Ferme nous installe dans une bulle presque gaie, une ambiance délibérement peu hostile, comme si nous étions dans la tête d’Irène. Pourtant, à quelques reprises bien sûr, on sent poindre l’inévitable… En adolescente candide et fonceuse, la jeune Rebecca Marder fait preuve d’une réelle présence, avec son visage doux et fragile à la fois, et capte la caméra sans le moindre mal. Les seconds rôles aussi ont de quoi nous réjouir (André Marcon, Anthony Bajon et même Ben Attal dans une participation marquante). Le final, aussi abrupt que gonflé, nous assène un coup au coeur implacable. Nous attendons donc votre seconde oeuvre avec impatience, Mlle Kiberlain !
ANNEE DE PRODUCTION 2021.