Vincent, un industriel, François, un médecin, Paul, un écrivain et Jean, un jeune boxeur amateur sont liés par une amitié solide et durable. Chacun soutient l’autre dans ses problèmes, échange leurs confidences, organise des week ends et des repas à la campagne, et leur vie passe ainsi entre bonheurs et épreuves…
Claude Sautet n’a pas son pareil pour scruter les âmes humaines et sonder leurs plus profonds sentiments. Il fait un cinéma uniquement centré sur l’humain et sur les individus, et avec ce film, il nous gâte puisqu’il dépeint un quatuor d’amis, trois quinquagénaires et un dans la vingtaine, leur amitié, leurs coups de gueules, et surtout leur quotidien. Lourd de problèmes (l’un accumule les soucis d’argent et un divorce en cours, l’autre réussit professionnellement mais échoue à garder l’amour de sa femme, l’autre s’évertue à écrire un livre, alors qu’il est en pleine panne d’inspiration). Le script, intelligent et fluide, va de l’un à l’autre, de manière harmonieuse, glissant subtilement vers l’étude de moeurs. Sautet capte merveilleusement les changements socio culturels, économiques, et politiques des années Giscard, et délivre une chronique à la fois douce, tendre et juste. Il aime ses personnages, mais n’oublie pas non plus de les égratigner et de montrer leurs veuleries et leurs bassesses, car c’est une oeuvre toute entière tournée vers la vérité des êtres.
D’autres thèmes sont abordés avec délicatesse, comme le temps qui passe, la fin des histoires d’amour, l’amitié plus forte que tout étant tout de même le mur porteur de ce scénario magnifique. Dialogué avec élégance par Jean Loup Dabadie dont l’excellence d’écriture n’est plus à discuter, le film émeut, charme, et enchante perpétuellement. Les femmes trouvent aussi leurs places dans un univers très masculin et elles existent jusque dans les moindres petits rôles. Mais c’est évidemment les grands acteurs que l’on admire (Montand entre force et découragement, Piccoli droit comme un I, Reggiani romancier en plein doute, et le jeune Depardieu tout frais sorti des Valseuses et déjà super à l’aise!). Tous sont éblouissants. La musique de Philippe Sarde accompagne superbement la mélancolie désenchantée, les illusions perdues et les solitudes noyées dans le groupe que Sautet met tant de coeur à nous livrer.
ANNEE DE PRODUCTION 1974.
