Entre le Paris de la fin des années 60 et le Montréal d’aujourd’hui se déploie une vaste histoire d’amour à la fois sombre et lumineuse. Troublante et malgré tout pleine d’espoir. Les destins croisés de Jacqueline, une jeune mère d’un enfant trisomique qu’elle élève seule, et d’Antoine, un DJ tiraillée entre deux femmes…
Six ans après le remarquable succès de CRAZY, le réalisateur canadien Jean Marc Vallée fait son retour avec ce film totalement désarmant et déroutant, naviguant volontairement entre deux époques (les sixties et 2011), passant d’une intrigue à l’autre, multipliant les gros plans, les profondeurs de champs intempestives, les ralentis, et avouons le une grosse première demie heure presque décourageante tant la mise en scène parait maniérée, prétentieuse et obscure dans ses intentions. Ensuite, les choses se mettent peu à peu en place, on saisit mieux les tenants et les aboutissants de ce récit détricoté, et on comprend que Vallée tente de raconter un mix entre deux histoires (en apparence éloignées) et qui en fait ne revêt qu’un seul thème: la réincarnation. Selon notre croyance en ce « concept », le film paraitra soit fascinant, soit niais au possible. En tout cas, Café de Flore parle d’amour, de résilience, de renoncement, de don total à l’autre (soit dans l’amour maternel, soit dans la passion charnelle): pour ces raisons là, il mérite notre considération. Le problème vient plutôt du montage ( parfois hasardeux) et de l’utilisation systématique de la musique! Autant dans CRAZY, elle venait à point nommé et toujours en apport parfait avec l’action, autant là elle envahit tout jusqu’à « gêner » les dialogues! Vallée se réfugie derrière le lyrisme pour faire passer ses grandes et belles idées d’absolu: un parti pris tout à fait respectable au demeurant.
La distribution québécoise comprend Kevin Parent en quadragénaire bien dans sa peau et aimé par deux sublimes créatures, jouées par Hélène Florent et Evelyne Brochu. Jusque là pas grand chose à signaler! Le film sort vraiment du lot grâce à la présence de notre Vanessa Paradis nationale. Très peu maquillée, mal fagotée, débarrassée de tout glamour, elle livre une composition magnifique de maman Courage, se donnant coeur et âme pour son jeune fils trisomique. Son jeu fiévreux emmène ce puzzle bien plus loin qu’espéré et rien que pour elle, on est prêt à croire à ce mysticisme un peu fumeux et passer outre la durée excessive de deux heures.
ANNEE DE PRODUCTION 2012.