Rubens Paiva est député dans le Brésil touché par la dictature militaire. Il vit avec sa femme Eunice et ses cinq enfants à Rio de Janeiro. Jusqu’au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens. Dès lors, il disparait sans laisser la moindre trace. Eunice met tout en oeuvre pour le retrouver dans un combat acharné à la recherche de la vérité.
Auteur de Central Do Brasil et Carnets de Voyages, le cinéaste brésilien Walter Salles s’empare d’une histoire vraie traumatisante pour son pays: l’enlèvement de dirigeants en place par la dictature militaire et raconte le sort réservé à Rubens Paiva, un député arrêté chez lui en 1971 et qui ne refit jamais surface. Salles signe à la fois une chronique familiale émouvante (on la suit d’abord dans ses moments de bonheur intense), l’évocation de la situation politique chaotique, et surtout dresse le portrait d’une femme battante, droite et debout jusqu’au bout. L’épouse de Paiva passa 25 ans de sa vie à résoudre les conséquences de la disparition de son mari et mena un combat sans pareil pour obtenir « justice ». Ce drame puissant devient alors un grand film politique militant pour les droits de l’homme et un plaidoyer humaniste d’une dignité exemplaire. Salles accomplit un beau travail de mise en scène, tout d’abord par la reconstitution minutieuse des années 70, ensuite par une retenue dans le pathos (comme Eunice, la caméra reste figée au sol, témoignant des pressions et de la douleur subies par cette femme et cette mère). Je Suis Toujours là résonne comme un cri de révolte contre les idées fascistes et en appelle à notre mémoire. Pour ne pas oublier. A la manière d’un Costa Gavras, Walter Salles s’engage pour dénoncer les heures sombres vécues par le Brésil et par le biais de la fiction retrace une page de l’Histoire.
Magnifiquement habitée par l’actrice Fernanda Torres, récompensée d’un récent Golden Globe, le film acquiert une force supplémentaire grâce à sa prestation criante de vérité. Au point d’éclipser largement les autres interprètes (même si les jeunes comédiennes jouant ses enfants s’en sortent honorablement). Salles se permet des envolées romanesques comme on le ferait sans hésiter dans un mélodrame classique, ce parti pris passe sans difficulté car le sujet relaté est suffisamment fort pour avoir un écho universel. Je Suis Toujours Là montre combien la résistance acharnée peur se dresser contre le désespoir et la douleur de l’absence.
ANNEE DE PRODUCTION 2025.
