AccueilCritiquesDrameJ'EMBRASSE PAS

J’EMBRASSE PAS

A peine majeur, Pierre quitte ses Pyrénées natales pour tenter sa chance à Paris en tant qu’acteur. Sans autre bagage qu’un diplôme de brancardier, il y perd peu à peu toutes ses illusions, tombant dans la débauche et finit par se livrer à la prostitution…

Avec J’embrasse pas, André Téchiné signe une des ses oeuvres les plus ouvertement autobiographiques avec une sincérité de chaque instant, n’empêchant pas le romanesque qui a souvent fait sa renommée. Ce récit d’apprentissage assez âpre met en scène un jeune homme naïf, plein de rêves plus grands que lui et ne se rendant pas compte des dures réalités de la vie parisienne. Allant de rencontres en rencontres (d’abord une dame d’âge mûr avec qui il a une brève liaison, ensuite un animateur TV homosexuel raffiné, puis une jolie prostituée sous la coupe d’un mac violent), il va apprendre à ses dépens que rien n’est acquis, que la désillusion guette sans cesse, que sa route ne va pas aller directement vers un bonheur tout cuit. Téchiné décrit un parcours chaotique, l’accomplissement d’un destin en pleine « formation » soumis aux épreuves et aux douleurs diverses. Celle de la prostitution masculine en est une des étapes, même si elle ne constitue pas le sujet central du film. L’auteur de Barocco trouve plutôt bien l’équilibre entre réalisme, distanciation et lyrisme sec dans une succession de séquences agencées avec sensibilité et finesse d’observation. Le protagoniste serait quelque part le versant masculin de l’héroïne de Rendez Vous ou une petite soeur de coeur. Le monde de la nuit y est filmé avec une crudité certaine, et quand la caméra tourne en plein jour, le soleil ne réussit pas tout à fait à effacer la noirceur du propos.

Dans un emploi à contre courant pour lui, Philippe Noiret incarne un vieil homosexuel cultivé, altruiste (et sûrement intéressé malgré son déni) et sa prestation vaut vraiment le détour. Pour la première fois dirigée par Téchiné (qui la retrouvera à deux autres reprises ensuite), Emmanuelle Béart joue la pute coiffée à la Louise Brooks, blessée mais toujours debout, froide et distante, sous emprise d’un proxénète qu’elle a fait l’erreur d’aimer et elle est magnifique. Entre ses deux stars, le petit nouveau et vrai héros de l’histoire, Manuel Blanc, se sort de l’expérience avec les honneurs et l’on peut sincèrement regretter qu’il n’ai pas confirmé par la suite. Le reste du casting (Roschdy Zem, Michèle Moretti et Hélène Vincent) apporte également de belles pierres à l’édifice. J’embrasse pas ou l’initiation violente d’un oisillon dans un monde brutal, où son corps et son âme sont mis en bouillie: une sorte d’instantané émouvant du désenchantement.

ANNEE DE PRODUCTON 1991.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un très joli drame de Téchiné bien que dur et assez désespéré. Mise en scène poignante et casting excellent dont Noiret et Béart.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

Un très joli drame de Téchiné bien que dur et assez désespéré. Mise en scène poignante et casting excellent dont Noiret et Béart. J'EMBRASSE PAS