Willy et Jojo, amis d’enfance, ne se quittent jamais. Adolescents fougueux, ils s’entrainent à la Pampa, terrain de motocross, en vue d’un championnat local. Un soir pourtant, par un pur hasard, Willy découvre le secret bien caché de Jojo…
Unique film français sélectionné à la Semaine de la Critique, La Pampa est le tout premier long métrage d’un certain Antoine Chevrolier, venu de la télévision, puisqu’il avait signé des épisodes du Bureau des Légendes notamment. Ce drame âpre est le récit très fort d’un apprentissage adolescent sur fond d’amitié masculine. Situé dans une campagne reculée de la France profonde, La Pampa touche en plein coeur par la finesse de son écriture, décrivant à la fois l’homophobie endémique du milieu rural et la masculinité toxique débouchant sur une violence inouïe. Prenant le parti de la tragédie, le réalisateur sert son intrigue par une mise en scène nerveuse, un sens du cadre et trouve le tempo idéal pour amener peu à peu son histoire vers l’émotion souhaitée. Le film pointe du doigt les carences affectives de jeunes souffrant dans leurs structures familiales éclatées, trouvant dans ce hobby de motocross une façon de combler leur vide existentiel, sans avoir à trop se soucier de leur avenir, de toutes façons incertain. Dès lors qu’un secret est dévoilé et vient « gripper » ce quotidien de potes, le vers est dans le fruit et ne peut que tourner mal. Contrairement aux deux récents opus sur l’adolescence qu’étaient L’Amour ouf et Leurs Enfants après eux, La Pampa s’éloigne des clichés éculés, étonne favorablement par sa sensibilité d’observation des jeunes et de leurs parents.
C’est aussi un sans faute pour l’interprétation avec en acteur principal, le jeune Sayyid El Alami, intense jusque dans ses silences, de Damien Bonnard comme souvent excellent en père buté et d’Artus, délesté de près de 35 kilos, surprenant dans un registre dramatique à contre courant de son comique bien connu. Le personnage de Willy, guidant finalement l’entièreté du récit, s’émancipe en traversant les épreuves et en gardant la tête haute, se gardant bien de rentrer dans le moule que son milieu voudrait lui imposer. Oui, décidément, plus on y pense plus ce premier film est totalement emballant!
ANNEE DE PRODUCTION 2025.