Dans un dialogue amical et passionné, le docteur Augustin Masset et l’écrivain Fabrice Toussaint se confrontent pour l’un à la fin de vie de ses patients, pour l’autre à sa propre fatalité.
Grand cinéaste engagé encore en activité malgré ses 92 ans, Costa Gavras semble plus que jamais taraudé par l’idée de la mort et soucieux des questions de société, il adapte pour ce nouveau long métrage le livre de Claude Grange et Régis Debray intitulé aussi Le Dernier Souffle. Il s’agit de traiter de la fin de vie, des conditions dans lesquelles elle est gérée dans les unités de soins palliatifs, mais surtout de montrer la mort et la peur de la mort en face, sans baisser les yeux. Cette ambition courageuse et affichée rend bien entendu ce film profondément humaniste, sincère, et ose poser des mots sur la terreur ultime de chaque être humain. Pavée de bonnes intentions, la narration suit donc un médecin hyper compatissant et un philosophe observateur dans leur approche de maladies incurables. Costa Gavras choisit de tisser plusieurs petits portraits de personnes condamnées ayant chacune un rapport différent à leur finitude et réclamant toutes le droit de « partir » dignement. On sait qu’un texte de loi est toujours « à l’étude » pour apaiser les souffrances de milliers de personnes sans que la politique ne semble en mesurer l’urgence. D’ailleurs, le film se garde bien de parler de politique à proprement parler. Le Dernier Souffle ressemble davantage à un exposé très scolaire aboutissant à un didactisme extrême et ne permettant pas de faire jaillir une émotion authentique. Ce sentiment est renforcé par une théâtralité presque froide au milieu de toute cette chaleur humaine qu’elle est censée mettre en avant.
Au casting, ca se bouscule au portillon et chacun et chacune apporte sa pierre à l’édifice. En premier lieu, Denis Podalydés en écrivain anxieux délibérément en retrait face à Kad Merad, étonnamment sobre en médecin au grand coeur. Secondés ensuite par Marilyne Canto (toujours discrètement efficace) et par une cohorte de « petits rôles » touchants, tenus par Charlotte Rampling, Agathe Bonitzer, Karin Viard, ou Angela Molina campant une gitane arrivée au crépuscule de sa vie et particulièrement émouvante. Pour toute cette belle distribution et l’intérêt que l’on peut porter à ce thème si rude, Le Dernier Souffle n’est pas déplaisant. Juste un brin déprimant.
ANNEE DE PRODUCTION 2025.