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LE MARIAGE DE MARIA BRAUN

En 1943, Maria et Hermann Braun se marient sous les bombes à la veille du départ d’Hermann pour le front russe. A la fin de la guerre, Maria travaille dans un bar fréquenté par des militaires. Un ami lui annonce que son mari est mort et ne reviendra pas. Maria s’entiche de Bill, un soldat noir de l’armée américaine. Mais un soir, Hermann refait surface et les surprend dans le lit conjugal…

Rainer Werner Fassbinder, jamais meilleur que lorsqu’il tissait des portraits féminins forts, ouvre avec Maria Braun une trilogie consacrée à la femme dans l’Allemagne du siècle dernier. Ici, il évoque le pays de la reconstruction, croulant sous les ruines et attendant son  miracle économique pour rebondir. La société qu’il décrit balbutie, se remet péniblement du nazisme (qui n’est jamais explicitement cité) et cherche un souffle nouveau. Tout à l’image de Maria, son héroïne, qui se tourne vers l’avenir, toute dévouée à un mari qu’elle a à peine connue et qui purge une peine de prison à sa place, avançant dans l’existence sans morale et avec une dureté chevillée au coeur. Fassbinder utilise les ingrédients du mélodrame (n’oublions pas que son maitre absolu reste Douglas Sirk) en traitant de la mort, de la résurrection, du meurtre et de l’héritage, fait de sa Maria une femme combative, devenant « puissante » et riche dans la sphère professionnelle tout en demeurant quelque part la propriété de son mari. La mise en scène précise de Fassbinder offre des profondeurs de champ, une fluidité de mouvements de caméras, toujours à son aise dans les huis clos (bureaux, prisons, espaces restreints, maison), son attrait pour le théâtre s’affirmant de nouveau pleinement. Payée par d’immenses sacrifices, la reconstruction de l’Allemagne repose surtout sur les épaules fragiles des femmes, montrant combien elles doivent souffrir pour obtenir respect et dignité.

On retrouve le « regard froid » qu’aime toujours poser le réalisateur de Querelle, son pessimisme chronique, la radicalité de son approche. Déjà auparavant interprète de plusieurs de ses oeuvres, Hanna Schygulla investit le rôle titre avec une conviction remarquable et passe admirablement de l’arrivisme à l’abandon, de l’ambiguité à l’amour total. Les hommes qui l’entourent (Ivan Desny, Klaus Lowitsch, Michael Balhaus) paraissent presque des faire valoir face à elle. Malheureusement, comme dans tout mélodrame qui se respecte, le final voit la chute en plein vol de celle qui s’est élevé toute seule, laissant planer le doute sur l’origine exacte de cette disparition. Avec une ironie mordante, Fassbinder « prolonge » en quelque sorte la guerre qui, pourtant, s’achève au début du film. Un de ses grands opus à n’en pas douter!

ANNEE DE PRODUCTION 1979.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une perle dans la filmo de Fassbinder: réalisation très pensée faisant écho à un script d'une richesse rare. Conduit par une Hanna Schygulla sensationnelle.

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