En 1950, William Lee, romancier expatrié américain à Mexico, passe ses journées presque entièrement seul, à l’exception de quelques contacts avec d’autres membres de la petite communauté américaine. Il est gay et rencontre un jour un jeune et beau garçon, Eugène Allerton…
Après avoir fait sensation en 2017 avec Call me by your name, l’italien Luca Guadagnino s’attaque cette fois à un des pontes de la littérature américaine, William Burroughs. Le romancier, cocaïnomane, faisait dériver ses récits au gré de ses trips visuels et hallucinatoires et après une première partie relativement « classique », Guadagnino entreprend d’épouser le même type de créativité « délirante » confinant par moments au non sens. Il y décrit une homosexualité idéalisée et vécue sans le moindre complexe à une époque pourtant bien moins permissive que la nôtre: Queer n’est pourtant pas centré sur la question gay, mais beaucoup plus sur les dérives mentales de son personnage principal soumis à toutes les drogues possibles et imaginables. Du coup, le script est délibérément déroutant et Guadagnino s’amuse à « perdre » ses spectateurs avec une succession de séquences oniriques, voire surréalistes qui ont bien vite leurs limites. Ce parti pris aboutit à une mise en scène prétentieuse, voulant démontrer à tout bout de champ que le réalisateur « sait » filmer, toutefois on sent tout le temps l’idée du « plan à faire ». La narration, finalement assez vide, accuse en prime des longueurs à n’en plus finir et ce dans les trois chapitres constituant l’ossature du scénario. Et que dire de cette interminable partie se déroulant dans la jungle où Lee et Eugène s’essaient à des substances « naturelles » les mettant dans un état totalement hors de contrôle? La relation entre les deux hommes dont on comprend rapidement qu’il s’agit d’un amour à sens unique se voit délaissée au détriment de longs moments flottants censés sûrement nous faire ressentir une certaine mélancolie.
Le défi pour Guadagnino fut de diriger Daniel Craig dans ce contre emploi inattendu, à mille lieux de James Bond pour lequel il a acquis sa renommée internationale. L’acteur accomplit un travail méritoire et assez nuancé en prêtant ses traits à cet homosexuel rongé par la solitude, les doutes, se cachant derrière de faux airs d’écrivain sûr de lui. Son partenaire, Drew Starkey, joue davantage avec introspection et retenue le jeune amant distant. David Cronenberg avait de son côté adapté Burroughs pour son film Le Festin Nu avec autrement plus d’inspiration que Guadagnino, cinéaste décidément surestimé. La quête existentielle promise ne fait finalement que tourner en rond et s’engluer dans l’ennui.
ANNEE DE PRODUCTION 2025.