Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à son grand père algérien dans une maison de retraite. Elle l’adore et l’admire depuis toujours, il est le pilier de la famille. Une famille dysfonctionnelle, aux rapports houleux, qui va devoir se réunir bien malgré eux. En effet, la mort du grand père déclenche une tempête profonde et une crise identitaire chez Neige, décidée à connaitre son ADN exact.
Depuis sa première fiction Pardonnez moi, Maiwenn a démontré un talent singulier pour traiter des thèmes proches de sa vie, des traumatismes marquants de son enfance et des périodes sombres de son existence. Avec franchise, courage et passion. Sans langue de bois ni faux semblants, son oeuvre s’apparente à du cinéma vérité dérangeant et frontal! Le choc provoqué par Polisse en 2011 a laissé des traces dans les mémoires et ce dernier long métrage était d’autant plus attendu. Elle raconte l’histoire d’un deuil au sein d’une famille dysfonctionnelle (encore une!), au centre de laquelle elle se donne le rôle principal. Bien sûr ses détracteurs trouveront que cet exercice relève du pur narcissisme et de l’ego surdimensionné. Mais les acteurs possèdent un ego hors du commun, c’est bien connu! Il n’empêche que l’émotion se mélange à des situations plus légères, le drame sombre est contrebalancé par des dialogues justes et fort bien interprétés.
La grande force du film réside dans l’excellence de sa direction d’acteurs, une fois de plus Maiwenn sait tirer le meilleur de chacun d’eux et que ce soit Fanny Ardant en mère toxique et dévorante ou Louis Garrel dans une composition plus subtile, ils sont tous formidables. La seconde partie du récit s’attache à la recherche des origines de l’héroine, et c’est sans doute à ce moment là que l’intêret faiblit et que la proposition convainc moins. Sûrement cet aspect aurait mérité un film tout entier et elle bâcle un peu son final. N’en demeure pas moins une véritable vision, un regard dur sur la famille (la séquence de confrontation avec Ardant est terrible!), et également une douceur plane malgré tout sur l’ensemble. Du cinéma français touchant et plein de vitalité.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.