Quatre amis, professeurs dans un lycée, sont des quinquagénaires dépassés et un peu las. Ils décident de mettre en pratique la théorie selon laquelle l’homme aurait un déficit d’alcool dans le sang. Ils relèvent ensemble ce défi de s’alcooliser juste assez pour ne pas tomber dans l’ivresse, chacun espérant une vie meilleure. Au départ, les résultats sont encourageants, mais la situation se dégrade ensuite rapidement…
Thomas Vintenberg, réalisateur danois, s’est fait connaitre avec un premier film percutant Festen. Il fait un retour remarqué avec cette comédie dramatique, au postulat de départ assez curieux et atypique. Ces amis au mitan de leur vie décidant de vivre dans un état euphorique grâce à une dose d’alcool suffisante recèle bien sûr des passages drôles et cocasses, Vintenberg réussit d’ailleurs là son baptême de l’air dans le registre comique. Mais évidemment, sa narration très précise ne se borne pas à de la simple légèreté et se dirige subtilement mais sûrement sur un chemin plus sombre. Il traite de l’ivresse avec originalité, n’oubliant pas de montrer les étapes conduisant à l’état critique de l’ivrognerie, et ses héros gardent une tenue quasi « exemplaire » une bonne partie du récit. C’est en dépeignant le vide existentiel que le cinéaste gagne des points, car sans faire de misérabilisme, il sait montrer le mal être de chacun de ses protagonistes, fatigués de leur vie et de leur quotidien.
Etudiant les effets d’abord faussement positifs, puis franchement néfastes de l’alcool, le scénario ne fait pas un éloge facile ou simpliste de la biture entre potes façon Very Bad Trip, et surtout il est aidé par des comédiens jouant très bien une ivresse que le cinéma a surtout filmée dans ses excès dégoûtants. En tête, Mads Mikkelsen, encore une fois fulgurant dans ses nuances et sa palette d’émotions très large. On a davantage de mal à dégager une quelconque morale à la fin, mais peu importe, le voyage reste enivrant, singulier et surtout il prouve que même en buvant, le bonheur reste une chimère pour ces hommes là. Il n’est pas inutile de préciser que la bardée de prix prestigieux reçus par le film (surtout l’Oscar!) est tout de même un peu exagérée.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.
