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EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE

Un simple technicien en informatique, dépressif et solitaire, n’ayant plus aucune ambition doit effectuer plusieurs déplacements en province avec Raphael Tisserand un collègue de travail. Ce dernier continue de chercher l’amour désespérément , malgré des échecs successifs. En système sexuel parfaitement libéral, la vie est parfois douloureuse et décevante.

Extension du domaine de la lutte est l’adaptation éponyme du roman du même titre de Michel Houellebecq. Ce premier livre très fort a fait grosse impression sur le cinéaste Philippe Harel, auteur de La femme défendue et Les Randonneurs. Il est question surtout du thème fétiche de Houellebecq : la misère sexuelle et affective de notre époque de deux hommes « médiocres » et parfaits objets du capitalisme rampant, censés posséder, consommer, procréer. Les deux « héros » sont des laissés pour compte de ce système libéral impitoyable et sélectif. La narration fonctionne grâce aux monologues intérieurs du personnage, véritable dépressif  subissant sa condition avec dépit et résignation. Harel dirige et joue ce rôle en s’appliquant (sûrement un peu trop) à imiter l’auteur des Particules Elémentaires jusque dans sa gestuelle, avec son ton monocorde et ses commentaires tantôt drôles, acides et d’une lucidité imparable sur l’existence. La tristesse ambiante des décors (bureaux aseptisés, appartement désordonné et crasseux, villes mornes comme Rouen ou La Roche sur Yon) fait écho aux idées noires ressassées par les personnages, qui tentent de se faire une place au soleil et surtout d’être « vivant » sur l’échelle sociale. Le texte est brillant, mais de ce point de vue, le film a peu de mérite, puisque des pans entiers du livre sont ici utilisés, sans grande invention filmique.

Philippe Harel a sûrement trop d’admiration pour la philosophie désabusée de Houellebecq pour s’en éloigner ou s’en distancer suffisamment. Ce qui donne au final une tragi comédie noire, une réflexion sur nos modes de vie aliénants, sur la réussite imposée par un système toujours plus compétitif, et évidemment sur la solitude totale des êtres. Le regard porté sur le monde y est cynique, cassant mais sans concessions. Inutile ici de chercher de l’emphase ou de grands mouvements de caméra, ce n’est ni le but ni le propos! La sécheresse du ton en laissera sûrement beaucoup au bord de la route. Il faut noter l’interprétation magistrale de José Garcia, loin de ses outrances de La Vérité si je mens! : il campe ce VRP frustré, pathétique en trentenaire encore puceau et il s’avère tout à fait excellent. L’humour plein d’amertume remplit ce film sur le manque d’amour, qui s’achève curieusement sur une note d’espoir un peu factice.

ANNEE DE PRODUCTION 1999.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Entre comédie très noire et drame latent, cette adaptation de Houellebecq n'est pas sans charme. José Garcia fait une superbe prestation.

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