L’AIR DE PARIS

Ancien boxeur, Victor Le Garrec tient une salle d’entrainement à Paris, secondé par sa femme Blanche. Il rêve de découvrir un poulain pour en faire un vrai champion. Un jour, il remarque André, un jeune homme doué, travaillant aux chemins de fer et qu’il commence à entrainer. Au point de tout sacrifier pour lui, suscitant la jalousie de Blanche. Bientôt, c’est André qui tombe amoureux et délaisse soudain la boxe…

Après ses extraordinaires films de la période du réalisme poétique que furent Les Visiteurs du Soir et Les Enfants du Paradis, Marcel Carné avait quelque peu perdu de son inspiration après guerre. Cet Air de Paris, baigné d’un naturalisme rafraichissant, prend le pouls d’un récit d’amitié virile, bien qu’équivoque, entre un entraineur aguerri et un jeune boxeur en devenir. Carné ne traite évidemment pas d’homosexualité de manière frontale, mais le sujet est discrètement amené, sous jacent, notamment dans la façon dont la caméra filme la beauté du corps de Roland Lesaffre (petit protégé de Carné, piètre acteur déjà vu dans Thérése Raquin et surtout utilisé pour sa plastique). Ce beau film dialogué non plus par le complice Prévert, mais par Jacques Sigurd, se pare d’une amertume perceptible, en particulier comment il décrit les femmes comme des obstacles au plein accomplissement des hommes. Ainsi, la femme de Victor, se dresse contre les attentions à son goût trop poussées de son mari pour le petit favori, de même que la maitresse de ce dernier l’empêche malgré elle qu’il poursuive sa carrière sportive. A travers sa galerie de personnages secondaires, L’Air de Paris se veut presque comme un documentaire du Paris de l’époque et une peinture de l’immigration (l’entraineur breton, l’épicier italien, les algériens du café hôtel). Le cinéaste souhaitait aussi mettre en avant la boxe pour en saisir le caractère combatif, hargneux, volontaire.

Outre ses qualités de mise en scène et la richesse psychologique de ses protagonistes, le film touche aussi par la réunion, quinze ans après, du couple mythique du Jour se lève (autre joyau de Carné): Jean Gabin dans son âge mûr est très à sa place dans ce rôle qui lui valut la Coupe Volpi à Venise et Arletty, dont la gouaille bien connue fait toujours des merveilles. Elle incarne pourtant une femme « banale » incapable de comprendre les motivations de son mari et se sentant délaissée. Certes, cet opus ne compte pas parmi les opus incontournables de Monsieur Carné, mais il est plus que très appréciable et à revoir assurément avec plaisir.

ANNEE DE PRODUCTION 1954.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un récit d'amitié masculine ambigüe par Carné, plus amer que poétique cette fois. Un film à redécouvrir aussi pour le tandem Gabin/Arletty. Roland Lesaffre, lui, convainc moins par son jeu limité.

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