L’ANGUILLE

Takuro Yamashita est remis en liberté conditionnelle, après avoir purgé une peine de prison de 8 ans, pour le meurtre de sa femme. Ayant appris le métier de coiffeur, il tente une réinsertion, dans une ville isolée près de Tokyo. Il est renfermé, parlant peu, sauf à une anguille, qu’il a apprivoisé pendant sa détention. Un jour, il découvre dans un champ le corps d’une jeune fille inconsciente, visiblement après une tentative de suicide…

Sept ans après l’échec de Pluie Noire, le japonais Shoei Imamura revient à la réalisation avec cette oeuvre, entre comédie mélancolique et drame latent. Il trace le portrait d’un ancien taulard retrouvant le monde extérieur, peu loquace sur son acte, taciturne et essayant de refaire sa vie autrement et ailleurs. Un homme dépassé par sa quête incessante de dignité et son désir de retrouver sa place dans une société japonaise très rigide et oppressante, où l’individu est soumis à une exemplarité permanente. Imamura décrit ce Japon rural avec une belle acuité, après un début marqué par une scène gore (le meurtre sanglant d’une femme infidèle), puis il enchaine ensuite des séquences beaucoup plus douces, presque caressantes, avec des personnages à fleur de peau. Ce cinéma symboliste, que l’on peut juger minimaliste dans son élaboration, est au contraire très pensé, intelligemment construit et sait doser la part du drame, mais aussi du burlesque qui découle de certaines situations. Le cinéaste nippon interroge autant la notion de culpabilité que celle des mécanismes du désir masculin, suggérant l’impuissance sexuelle de son héros.

L’histoire d’amour platonique à laquelle on assiste ne tombe jamais dans une lourde démonstration, au contraire le récit s’articule très progressivement (n’évitant pas quelques lenteurs), montrant combien le retour à une vie normale pour ce repris de justice ne peut se faire facilement, ne sachant plus comment exprimer ses sentiments. Imamura retrace aussi la vie du « petit peuple » des faubourgs, de ses métiers mal considérés (coiffeur, éboueur) et rend ainsi hommage aux « marginaux » ou du moins à ceux qui ne sont pas dans le moule de la « réussite sociale ». L’interprète principal, Koji Yakusho, que l’on reverra dans Mémoires d’une Geisha et Tokyo Sonata, traduit fort bien le malaise ce cet homme réduit à rien, tandis que sa partenaire Misa Shimizu, pleine de délicatesse lui voue un attachement inconditionnel, malgré son passé de meurtrier. Le jury cannois a décerné la Palme d’Or, ex aequo avec Le Goût de la Cerise, à ce film plus complexe qu’il n’en a l’air au premier abord.

ANNEE DE PRODUCTION 1997.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Le japonais Imamura explore la question de l'oppression sociale, du désir masculin et de la réinsertion d'un criminel. Palme d'Or plutôt méritée.

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