Lucien Paumelle a toujours eu des convictions fortes. Médecin retraité, il reste un homme d’action, réputé pour son implication dans de nombreuses causes humanitaires. Son engagement le conduit jusqu’au mariage blanc avec une jeune femme moldave, Tatiana, pour lui éviter l’expulsion. Cependant, ses enfants s’aperçoivent que le comportement de leur père n’a plus grand-chose à voir avec les principes qu’il a toujours prônés : Lucien aurait-il succombé au charme de sa flamboyante épouse ?
Après un premier long métrage aussi touchant que juste, Ceux qui restent, l’actrice réalisatrice Anne Le Ny rempile cette fois pour une comédie piquante plutôt dans l’esprit du tandem Bacri/Jaoui. Avec son écriture acérée, Les Invités de mon père trace de manière humoristique (et non moins sérieuse) les rapports père/enfants et le changement de comportements des uns et des autres dès lors qu’un élément extérieur (en l’occurence une jolie jeune femme blonde sans papiers et sa fille ) intégre le noyau familial. Le scénario est habile car chaque personnage a ses raisons propres, chacun pense agir dans son bon droit, personne n’est tout blanc ou tout noir, Anne le Ny évite tout manichéisme pratique et par des dialogues mordants élève son sujet vers des contrées très intéressantes. Le film montre que l’altruisme et la générosité peuvent parfois trouver leurs limites quand les sentiments humains s’en mêlent ou quand un frere et une sœur prennent des décisions contraires à leur éthique pour le seul bien être de leur père. Si la réalisation ne manque pas de rythme, elle se sert surtout de ses interprètes pour mener la barque sur des flots sinon balisés, du moins tranquillement annoncés. La comédie se teinte de quelques moments un tantinet plus graves, sans se départir de sa visée clairement divertissante.
Les Invités de mon père ne cache pas sa volonté de mettre ses comédiens au centre de tout. Ça tombe bien, ils sont formidables ! Fabrice Luchini et Karin Viard incarnent deux quarantenaires liés par le sang redéfinissant leurs vies à l’aune de celle de leur père joué par un Michel Aumont impeccable en vieil homme amoureux aveuglé. Quant aux autres, notons la regrettée Valerie Benguigui, drôle et nuancée, ainsi que Veronika Novak, une actrice prometteuse avec du tempérament et un physique avenant. Avec ce second opus, Anne Le Ny parvient à injecter de la légèreté dans un sujet grave, nous amuse et nous questionne aussi au passage. Ses films suivants n’auront hélas pas autant de qualités.
ANNEE DE PRODUCTION 2010
