Iran, 2001. Une jeune journaliste de Téhéran vient dans les faubourgs mal famés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de meurtres perpétrés sur des prostituées. Elle se rend vite compte que les autorités locales font trainer les choses et ne semblent pas pressées de résoudre cette affaire. Le tueur continue à sévir de plus en plus violemment…
Le réalisateur Ali Abassi, d’origine suédoise et iranienne, s’empare d’un fait divers glaçant, survenu en Iran entre 1999 et 2001: un serial killer éliminait des prostituées à l’approbation quasi générale d’une ville truffée de fanatiques religieux. Déja avec son précédent opus, Border, il avait démontré sa singularité. Cette fois, il s’adonne au thriller politico social, avec deux histoires filmées presque en parallèle: celle d’une jeune journaliste opiniâtre résolue à dénoncer cette affaire au grand jour et celle du tueur lui même (un homme marié et père de famille assassinant des femmes qu’il considère comme corrompues par le vice). La tension de ce film est palpable à chaque instant, accentuée par des plans nocturnes d’une ville peu rassurante, où le statut de la femme demeure au mieux fragile, au pire nié! La brutalité de certaines séquences de meurtres, aussi frontale et insupportable soit elle, s’opère de façon un peu systématique, d’où un sentiment de complaisance qui aurait pu être évité. Abassi cherche à déranger, tout en accusant le système judiciaire iranien laxiste et finalement complice indirect de ces horreurs. Il ne met pas de subtilité dans sa charge, mais au moins doit on lui reconnaitre un courage certain!
Tenu de la première à la dernière minute par l’actrice Zar Amir Ebrahimi, formidable d’intensité (Prix d’Interprétation cannois en mai dernier), ce polar noir comme l’ébène tend à dénoncer les dérives d’une croyance religieuse excessive, surtout chez des êtres au psychisme déséquilibré. Dans le rôle de cet étrangleur « justicier », un inconnu appelé Mehdi Bajestani fait froid dans le dos par sa monstruosité silencieuse. Ali Abassi n’y va de main morte pour pointer du doigt la misogynie et l’intégrisme dont les femmes sont les premières victimes et ses Nuits de Mashhad font battre un peu plus fort le coeur du cinéma iranien.
ANNEE DE PRODUCTION 2022.