Dix ans ont passé depuis les épreuves traversées par la famille Jordan: Joy se rend compte que son mari n’en a pas fini avec ses problèmes d’addiction, elle a toujours des rapports aussi compliqués avec ses soeurs Helen et Trish. Trish, justement, dont le mari avait été arrêté pour pédophilie, rencontre un nouvel homme, divorcé et qui n’est pas du tout son style. Elle en tombe pourtant amoureuse. Helen n’est toujours pas épanouie, malgré un succès foudroyant à Hollywood…
Todd Solondz revient, dix ans après son hit mondial Happiness, pour donner au public une suite aux aventures et aux névroses multiples de cette famille américaine, vraiment pas comme les autres. L’enfant terrible du cinéma américain indépendant a toujours le même goût pour la comédie déjantée, le sarcasme et l’explosion des tabous les plus profonds (la pédophilie notamment avait fait grincer des dents dans le premier opus). Il fait rire avec des thèmes censés déranger ou rebuter la majorité d’entre nous, et en ce sens, son cinéma est toujours pour un public averti et ouvert d’esprit. Il évoque le suicide avec humour, la dépression et l’addiction aux anxiolytiques et autres psychotropes (et ce dès l’âge de huit ans!!) avec ironie et détachement. Bien sûr, c’est un ton qui ne peut plaire à tout le monde et qui laissera beaucoup d’entre nous sur la touche. Soyons honnêtes, autant Happiness était franchement hilarant et caustique, autant cette suite fait plutôt place à une certaine amertume. Teintée de rires jaunes disons…
En effet, cette fois, l’esprit irrévérencieux et cynique de Solondz se double d’un fond désespéré et presque émouvant. Presque seulement, car son but n’est pas d’émouvoir le spectateur lambda, il est bien trop hors cadre et singulier pour s’en tenir à cette seule option. De là un sentiment assez tenace d’un récit plus bancal, d’un systématisme dans la provocation qui fait moins mouche qu’avant. Tous les comédiens sont remarquables et il les dirige avec une précision infinie, ce qui nous gratifie de séquences savoureuses, notamment lors de l’apparition de Charlotte Rampling (ébouriffante), en pièce rapportée car elle ne faisait pas partie du premier épisode. En tout cas, la peinture de ces névrosés n’est pas entièrement réussie, même si elle sait nous montrer une chose: quels que soient leurs défauts ou leur monstruosité, les uns et les autres restent de simples humains, mortels qui plus est!
ANNEE DE PRODUCTION 2009.