Il se passe d’étranges phénomènes à Santa Mira, petite ville proche de Los Angeles. Le docteur Miles Bendell découvre un corps inanimé dont le visage, aux contours incertains, ressemble étrangement à celui de Jack, un ami. De plus, quelques personnes se plaignent de ne pas reconnaitre leurs proches dans leur comportement. Plus tard, le docteur découvre avec horreur d’immenses cosses s’entrouvrir et laisser deviner des formes humaines…
Monument du genre science fiction mâtiné de fantastique, L’Invasion des Profanateurs de Sépultures présente un récit terrifiant d’entités extraterrestres remplaçant les êtres humains par des clones sans le moindre affect. Derrière la caméra, Don Siegel (futur auteur de L’Inspecteur Harry) assure une mise en scène perturbante, sachant faire monter l’angoisse. Dans cette petite bourgade en apparence calme, les habitants mènent une vie paisible et l’apparition de curieux phénomènes bouleversent l’ordre en place: s’agit il d’hallucinations collectives? Siegel dépasse le simple stade de série B auquel le film était à l’origine destiné et livre un scénario intelligent que l’on peut bien sûr considérer comme une allégorie politique incisive. D’autant qu’il a été produit et tourné en pleine Chasse aux Sorcières. La paranoïa générale décrite dans l’intrigue repose sur des faits bien réels: la menace de l’extinction humaine n’a jamais paru aussi crédible!
Ces envahisseurs, au départ de simples cosses géantes avant de devenir des formes humaines privés de tout sentiment, peuvent aujourd’hui paraître proches de la « déshumanisation » de notre civilisation, ou en tout cas de son uniformisation dangereuse. Adapté du roman de Jack Finney, le récit conduit par Daniel Mainwaring inspire de la peur bien sûr de « passer de l’autre côté », comme le souligne judicieusement une réplique. Si le titre français ne correspond pas du tout au spectacle proposé (aucune profanation de tombes au programme!), l’oeuvre a marqué des générations de cinéphiles et engendré un remake bien foutu en 1978, signé Philip Kaufman. Les autres versions ayant cherché à l’égaler n’arrivent pas à la cheville de ce must absolu.
ANNEE DE PRODUCTION 1956.
