A la suite d’un entretien d’embauche qui a tourné court, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants. Elle n’a rien prémédité, juste sur un ras le bol de trop, elle décide de s’octroyer quelques jours rien que pour elle, seule, sur la côte, sans projets prédéfinis. En chemin, elle croise la route de Charles, un homme désoeuvré qui sait d’emblée la séduire, la faire rire, etc..
A l’origine, Lulu Femme Nue est une BD d’Etienne Davodeau, au ton mi badin mi tendre, et la réalisatrice française Solveig Anspach, autrice du magnifique Haut Les Coeurs, s’empare de ce matériau pour en tirer une comédie vivifiante, sur fond de chronique sociale aussi désenchantée que fantasque. Cette histoire d’émancipation féminine n’a en soi rien de très originale, elle décrit simplement le désir d’une quadragénaire de larguer les amarres, respirer un grand bol d’air, retrouver une part de liberté qu’elle a perdu auprès d’un mari directif et certainement plus à son écoute depuis longtemps. Une sorte d’échappée belle émouvante car débarrassée des conventions sociales, abolissant les « interdits », ouvrant sur une aventure hasardeuse, mais pleine de petits bonheurs fugaces. Solveig Anspach laisse son récit nous embarquer au fil des rencontres, faisant de Lulu son héroïne ordinaire se transformer juste en étant elle même, loin des diktats régissant son existence quotidienne. Sa mise en scène, sans être inventive, se met au service de ce ton mi comique mi mélancolique que le film distille. Entre Charles, le gros nounours épris d’elle qu’elle croise par hasard sur la plage et Marthe, une vieille dame seule avec qui elle noue une amitié insolite, Lulu s’ouvre à un nouveau monde de possibilités. Bien sûr, les esprits chagrins estimeront que cette hymne à la joie retrouvée charrie son lot de bons sentiments, pourtant ils font un bien non négligeable.
En tête d’affiche, l’irrésistible Karin Viard s’éclate dans un de ses rôles les plus lumineux, entre drôlerie, émotions, lâcher prise. Entourée de seconds rôles épatants (Corinne Masiero, Claude Gensac la bichette de Louis de Funès, Nina Meurisse, Philippe Rebot), elle donne la réplique à Bouli Lanners, un acteur belge au jeu enthousiasmant. Malheureusement, Lulu Femme Nue reste l’avant dernier film de Solveig Anspach, disparue prématurément d’un cancer l’année suivante, une réalisatrice douée qui parlait avec une infinie douceur des rapports hommes/femmes, ajoutant quelques grammes de tendresse dans un monde de brutes et de plus en plus déshumanisé.
ANNEE DE PRODUCTION 2014.
