SUNSET BOULEVARD

Hollywood, début des années 50. Joe Gillis, un jeune scénariste désargenté, accepte l’hospitalité d’une ancienne Star du Muet, Norma Desmond, vivant recluse dans une demeure isolée. Elle lui confie l’écriture d’un script de Salomé, censé marquer son retour sur les écrans, mais très vite, Joe se rend compte qu’il est pris dans les griffes d’une femme psychotique et hors de toute réalité et qui va faire de lui son gigolo…

Il s’agit sûrement d’un des films les plus insolents, les plus cyniques et les plus durs tourné à Hollywood et dénonçant la face sombre de ce miroir aux alouettes. L’exemple le plus parfait d’autocritique que l’on puisse imaginer. L’immense Billy Wilder s’est emparé de cette histoire avec l’aide de son scénariste Charles Brackett, afin d’égratigner le mercantilisme et l’âpreté du monde du cinéma, à travers ce sublime personnage féminin de Norma Desmond, ancienne gloire déchue et convaincue d’être encore la star qu’elle fut, alors que les modes ont changés, les années ont passés, le public l’a oublié. Démarrant habilement le récit avec l’utilisation d’une voix off d’outre tombe (c’est un mort qui va raconter sa destinée), il nous plonge dans une atmosphère de film noir, sans oublier d’injecter un humour mordant et des répliques devenues légendaires. Le mystère entourant cette vieille maison, servant de décor principal à l’action, rajoute au plaisir que l’on prend à la découverte de cet univers mortifère, où le temps paraît s’être arrêté, où chaque pièce semble habiter par des fantômes, et où un étrange majordome polyvalent est tout entier dévolu au service de Madame. Le ton est constamment ironique, corrosif et drôle (les soirées privées organisées avec les anciennes vedettes du Muet et jouées par Buster Keaton entre autres) mais aussi empreint de tragique (la séquence des retrouvailles avec le vrai Cecil B De Mille, plus grand cinéaste des années 20).

Ce portrait au vitriol de la jungle hollywoodienne atteint une perfection inégalée dans son audace narrative, dans son somptueux noir et blanc, et dans la description cruelle qu’il fait d’un empire en train de s’écrouler. Au même titre que cette femme pétrie d’égo et frisant la folie, incarnée avec superbe par Gloria Swanson, qui fut elle aussi une actrice adulée avant l’arrivée du parlant. C’est un rôle d’autant plus casse gueule à tenir et elle y est remarquable. Pathétique, blessée, mais néanmoins cannibale, son personnage est parmi les plus beaux du cinéma américain. Face à elle, William Holden est cet écrivain à la dérive financière telle, qu’il se laisse happer par une situation qui va le dépasser et lui être fatale. Avec beaucoup de classe et de tenue, Erich Von Stroheim incarne le valet dévoué, alors qu’il a été lui même dans le passé son réalisateur (à l’écran) et son amant (à la ville). Si l’on ajoute à cela des séquences d’anthologie (le final dans cet escalier monumental et ce gros plan hypnotique) et un sens aiguisé des passions humaines, vous obtenez une pure tragédie, dont le pouvoir de fascination demeure intact. Une leçon imparable de mise en scène et un chef d’oeuvre indispensable.

ANNEE DE PRODUCTION 1950.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

LE chef d'oeuvre absolu sur l'univers impitoyable du cinéma, génialement raconté par Wilder. Swanson impériale.

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