Arnold, artiste transformiste, travaille dans un cabaret New Yorkais au début des années 70. Homosexuel, il vit des amours compliqués, notamment avec Ed, un bisexuel qui le partage avec une femme, Laura. Le soir de Noël, il rencontre un jeune homme, Allan, dont il tombe amoureux…
Torch Song Trilogy est un film américain adapté de la pièce semi autobiographique de l’auteur et acteur Harvey Fierstein. Dressant un état des lieux de l’homosexualité (et plus précisément de la sienne) vécue dans le New York du début des années 70, avant l’arrivée du Sida, cette oeuvre bénéficie d’une écriture intelligente et navigue constamment entre comédie et drame. Artiste de cabaret gay, Arnold a beaucoup de mal à établir une relation amoureuse sincère et durable avec un homme dans une Amérique encore frileuse et même hostile à toute forme de marginalité. Fierstein décrit ainsi les affres, les petits bonheurs et les grands malheurs de son existence (alors même que lui l’assume très bien), l’affrontement constant avec sa mère, dépassée par ses « choix »de vie et qui malgré tout son amour, lui témoigne railleries et reproches. Le script se concentre essentiellement sur le personnage principal, sans délaisser ceux qui gravitent autour de lui (son amant bisexuel, ses « copines »de boulot, puis celui qui va enfin tomber amoureux de lui). Le film est aussi amusant que touchant, aussi profond qu’émouvant, évite l’aspect étriqué du théâtre filmé, tout en accentuant le caractère très écrit de dialogues brillants (particulièrement dans la dernière demie heure, quand la gravité s’invite et qu’Arnold règle ses comptes avec sa mère). Torch Song Trilogy soulève en prime une question universelle cruciale : celle de la difficulté d’aimer et d’être compris pour ce que l’on est vraiment.
De tous les plans, Harvey Fierstein incarne donc tout naturellement ce rôle qu’il a tant de fois joué sur les planches, entre autodérision, ironie, délicatesse aussi et avec sa voix rocailleuse et ses gestes efféminés, il se présente comme un personnage aussi singulier qu’attachant. Anne Bancroft campe la mère juive par excellence et n’est rien de moins qu’admirable. Le tout jeune Matthew Broderick hérite du rôle du jeune amant romantique et ajoute sa modeste pierre à l’édifice. Torch Song Trilogy reste certainement un des films les plus importants sur l’homosexualité, contournant les poncifs et les clichés les plus éculés sur ce thème et parvient à faire rire ET émouvoir. Difficile de ne pas verser de larmes avec son final bouleversant.
ANNEE DE PRODUCTION 1988.
