UN CONTE DE NOEL

Junon et Abel sont en couple depuis plus de quarante ans, ont perdu un enfant de leucémie et en ont eu trois autres: Ivan, Elisabeth et Henri, le dernier qui est un peu considéré comme le « vilain petit canard ». Tous sont des adultes plus ou moins perturbés et ils apprennent que Junon est atteinte d’une maladie grave, nécessitant une greffe de moelle épinière. La famille se réunit pour le réveillon de Noël…

Auteur de La Sentinelle et de Comment je me suis disputé, Arnaud Desplechin a tracé son chemin singulier dans la catégorie des auteurs français dit « intellos » et plaisant malgré tout à un public plutôt large. Avec Un Conte de Noël, il organise un véritable jeu de massacre familial avec une tribu de personnages liés par le sang, mais entretenant des rapports conflictuels (voire même une franche animosité), et trimballant chacun des névroses profondes (peut être dûes au deuil mal digéré d’un frère mort très jeune). Au centre du clan, la mère Junon apprend qu’elle va bientôt mourir si elle n’obtient pas une greffe très rapidement et convoque alors ses enfants et petits enfants pour un Noël qui va s’annoncer explosif. Joutes verbales, règlements de comptes, réparties vachardes, chacun y va de ses reproches et de ses mesquineries. Desplechin dresse un portrait de famille dysfonctionnelle avec une délectation dans l’écriture (savamment travaillée) et avec l’aide d’une mise en scène nerveuse, ne tenant pas en place. Ses thèmes favoris sont condensés ici (la mort, la peur qu’elle suscite secrètement, la maladie, les ressentiments, etc…) et déjà comme dans le futur Frère et Soeur, une « haine » tenace entre deux membres pour des raisons obscures, dont on ne connaitra pas vraiment la cause. D’un désenchantement assumé, le film ne verse pourtant pas dans le drame pesant, les douleurs restent sournoises, les maux même énoncés le sont avec le sourire ou l’ironie, et du coup beaucoup de séquences enchantent plus qu’elles ne démoralisent.

Tous ces adultes perturbés, incomplets, méchants malgré eux, sont interprétés par une bande d’acteurs et actrices formidable. Sur le mode choral, Desplechin les dirige avec un sens aigu: autour de Catherine Deneuve, la « patronne » et parfaitement précise dans sa composition, gravitent Mathieu Amalric jouant le fils mal aimé et passablement désaxé, Anne Consigny la soeur refusant tout contact avec son frère, Melvil Poupaud l’autre frère, Chiara Mastroianni lumineuse comme rarement en belle fille sensible, Emmanuelle Devos superbe dans un rôle résolument plus « positif » que les autres. Sans oublier Jean Paul Roussillon, comédien de théâtre, tenant la dragée haute à tout ce beau monde, ne méritant que des louanges. Dans le désordre « organisé », le chaos des sentiments contradictoires, ce Conte de Noêl comprend quelques longueurs, ne nuisant nullement à un ensemble viscéral rudement bien mené.

ANNEE DE PRODUCTION 2008.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Sur un script brillant (avec quelques petites longueurs dans le traitement) et une réalisation de Desplechin en grande forme, ce drame sans larmes est surtout un régal de comédiens, Deneuve et Amalric en tête de liste.

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