Un extraterrestre arrive sur Terre et prend l’apparence d’une mystérieuse femme à la grande beauté. Elle rôde ensuite sur les routes d’Ecosse, abordant les passants masculins, afin de les attirer dans sa camionnette et les faire disparaitre totalement…
Auteur du très remarqué Birth , Jonathan Glazer revient avec un film de science fiction totalement déroutant et original. Cette histoire d’extraterrestre vivant sous les traits d’une femme magnifique et séduisant les hommes pour les effacer de la surface de la Terre a tout d’une expérience sensorielle d’abord, puisqu’il y a assez peu de dialogues, mais le son joue un rôle crucial dans le déroulement de l’intrigue. La musique hypnotisante et la lenteur planante du scénario nous plongent dans un univers presque irréel, fascinant, et envoûtant. Bien sûr, le minimalisme du script ne tiendrait pas debout sans une réelle maitrise de la mise en scène, et de ce point de vue, Glazer assure avec sa caméra et élabore un film d’une grande beauté formelle, avec des plans très travaillés, et s’apparente presque à un voyage surréaliste et remarquablement poétique. En effet, cette femme filmée comme un objet de curiosité et symbolisant le vide renvoie par sa séduction même à Eros et Thanatos, le mariage parfait entre l’Amour et la Mort.
Under the skin a aussi cette faculté de regarder la Terre de haut, presque de nous disséquer de l’intérieur, à travers les yeux de son interprête principale, la sublime Scarlett Johansson, campant là cette entité étrange et fatale aux hommes qu’elle croise. On ne peut détourner nos yeux de sa silhouette et de son visage splendide. Le côté glacial et même clinique qui se dégage tout du long donne à la fois des frissons dans le dos, et attire indiscutablement notre intérêt. Cette SF hors normes appelant nos sensations à se réveiller demeure une des nombreuses richesses de cet Ovni si particulier. Pour succomber, il faut se laisser porter, s’abandonner et ne pas trop chercher à tout comprendre. Glazer interroge l’humain en chacun de nous et son radicalisme pointu confirme qu’il est décidément un réalisateur à suivre de près.
ANNEE DE PRODUCTION 2014.