Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est atteinte d’une maladie incurable qui la condamne dans les mois à venir, elle décide de tout mettre en oeuvre pour retrouver le fils qu’elle a dû abandonner à la naissance. Sa quête administrative lui fait croiser le chemin de JB Cuchas, un informaticien suicidaire en plein burn out, et de M. Blin, un archiviste aveugle. A eux trois, ils se lancent à la recherche de cet enfant, aujourd’ hui trentenaire…
Le cinéma de Dupontel amuse, interpelle, émeut et décape des idées reçues, très souvent avec bonheur. Autant ne pas passer par quatre chemins pour affirmer que son cru 2020 est une grande réussite. Oscillant entre la comédie burlesque, le cartoon, le drame intimiste et la critique sociale, on retrouve dans son récit inventif et original tous ces thèmes habituels, son attachement pour les laissez pour compte, pour les anti héros. Admirateur de Chaplin, il y a une évidente filiation avec Les Temps Modernes dans sa manière de montrer notre monde actuel totalement alliéné par la technologie, niant l’individu, croulant sous la paperasse administrative et ne laissant aucune place aux sentiments les plus simples. Ces personnages sont des émotifs anonymes, en quête d’amour et prêts à imploser, et le couple formé par Virginie Efira (décidément craquante) et Dupontel lui même (toujours sur pile électrique et acteur détonant) nous entraîne dans ce scénario un peu fou, volontiers outrancier, mais véritablement drôle.
Le rythme va à cent à l’heure, offrant autant de moments d’humour corrosif que d’instants plus tendres et émouvants. Le réalisateur d’Aurevoir là haut n’a pas son pareil pour marier le sarcasme, l’ironie et même les gags gras, tout en injectant une poésie et une forte empathie pour l’humain. Il dénonce avec cynisme les dérives de la technologie et de l’outil informatique, dézingue l’ordre établi, et dynamite la police. Bien sûr, la comédie lui permet de forcer le trait, de caricaturer ce monde de dingues, mais sa joyeuse fiction n’en pâtit jamais. Un intéressant parallèle peut également être fait avec Neuf mois ferme (son plus gros succès public), en effet, après la maternité non désirée, il traite ici d’un cas de maternité empêchée et frustrée. Le film trouve aussi son originalité et sa radicalité dans une fin surprenante et à contre courant. En bref, ce septième long métrage de Dupontel mérite largement le déplacement, pour sortir de la morosité ambiante.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.