Harcelé par l’URSAF, les ouvrières de sa petite usine de lunettes de WC, sa femme Nicole et sa fille, deux emmerdeuses notoires, Francis Bergeade craque. Mais un événement inattendu va changer le cours de son destin. Avec la complicité de son pote Gérard, il saisit le bonheur qui s’offre à lui… dans le pré!
Adulé depuis son hit La Vie est un long fleuve tranquille, Etienne Chatiliez creusait son nid douillet dans le paysage du cinéma français populaire avec des comédies souvent drôles et bien écrites avec sa complice de toujours, Florence Quentin. En 1995, il livre une de ses plus sympathiques réussites, de nouveau auréolée d’un immense succès public (près de 5 millions d’adeptes) au titre foncièrement accrocheur: Le Bonheur est dans le pré. Il invente cette fois l’histoire d’un homme submergé par les emmerdes et lassé de sa vie conjugale avec une bourgeoise coincée et qui va se faire passer pour un autre: un bougre disparu de la circulation depuis plus de 25 ans et que sa famille recherche par le biais d’une émission de télévision du type Perdu de vue. Chatiliez force de nouveau le trait, ne craint pas la caricature, enfile les répliques les plus amusantes, enchaine les situations ubuesques pour accoucher de cette comédie désopilante. Il présente certes des personnages très typés (le beauf lourdaud et néanmoins ami fidèle, l’épouse insupportable, le patron maudit par ses ouvriers), s’autorise quelques invraisemblances, mais retombe vite sur ses pattes grâce à une réalisation alerte, des dialogues redoutables (la vulgarité passe bien chez lui) et surtout une bonne humeur communicative. Malgré de petits temps morts en milieu de parcours, Le Bonheur garde sans cesse son cap de divertissement très bon enfant et doté d’une qualité notable: le film n’exclut jamais une certaine tendresse.
Comme à son habitude, il a choisi un casting parfaitement adéquat et offre d’abord à Michel Serrault un rôle majeur de sa filmographie: tour à tour drôle, émouvant, surprenant, l’acteur se fond idéalement dans cet univers par la magie de son jeu toujours étonnant. Face à lui, Eddy Mitchell joue les acolytes « grande gueule » avec sa décontraction bien connue et enfin Sabine Azéma décape carrément son image d’actrice dramatique, abonnée à Resnais, en incarnant la bourgeoise hautaine changeant progressivement de nature. Elle y est irrésistible! N’oublions pas de citer une des muses d’Almodovar, Carmen Maura, charmante, tout sourire, la bonté faite femme. Au milieu des canards, du bon air de la campagne et des joies simples de la vie, nous aussi on a envie de rester peinard, accompagné de cette joyeuse bande de lurons.
ANNEE DE PRODUCTION 1995.