Après l’armistice, un capitaine français, Henri Rochard, part en mission sur le territoire allemand. Il est secondé par une lieutenante américaine, Catherine Gates. Leurs rapports sont houleux au départ, mais très vite ils se rendent compte qu’ils s’aiment. Ils se marient, mais le capitaine doit obtenir une foule de documents administratifs pour accompagner son épouse aux USA. La complication est telle qu’il est obligé de se faire passer pour une « épouse de guerre mâle »…
Cette comédie américaine de l’Age d’Or d’Hollywood cumule trois qualités majeures: tout d’abord un excellent scénario, ensuite une réalisation brillante du grand Howard Hawks, enfin un duo d’acteurs fort bien assorti. Des ingrédients au top pour faire de ce film un des fleurons du cinéma US. Après avoir connu une décennie 40 resplendissante, Hawks la clôture donc avec cette satire mordante de l’administration et ses aberrations, occasionnant des quiproquos et des situations comiques idéales pour faire rire. Sur un rythme trépidant, nous suivons ce capitaine et cette lieutenante, présents en Allemagne après la débâcle, ne pouvant pas trop se supporter l’un l’autre (et bien sûr, on sait que ce type de rapports aboutit fréquemment à une romance, qui ne va pas manquer d’arriver!). Le plus inhabituel reste l’inversion des rôles et des sexes: la femme est ici dominante et souvent décisionnaire, l’homme hérite du titre d’épouse de guerre et s’en trouve diminué dans sa virilité. Hawks aime les duos homme/femme, comme a pu le prouver son génial L’Impossible Monsieur Bébé, et il réitère donc dans cette veine, ajoutant au passage une ambiguïté sexuelle, puisque le héros sera contraint de se travestir en femme dans le dernier quart du film.
De bons gags, des dialogues piquants, et une mise en scène enlevée: il n’en faut pas beaucoup plus à Allez coucher ailleurs pour cocher les cases du divertissement rêvé. Il est désopilant de constater que malgré leur union, le couple ne parvient jamais à « consommer » leur amour, physiquement parlant, sans cesse empêché par les événements extérieurs. Pas de lit pour eux deux réunis! Ann Sheridan et Cary Grant forment un tandem réjouissant et très crédible. Lui tourne là pour la troisième fois avec Hawks et confirme son aisance totale dans le registre de la comédie. Sans être le meilleur film de son auteur, il se place quand même haut dans sa filmographie riche en classiques.
ANNEE DE PRODUCTION 1949.
