BLACK JOURNAL

Italie, 1938. Léa, une femme du Sud émigre vers le Nord, voue un amour excessif à son fils unique, Michèle. En apparence, c’est une femme respectable, qui a eu le malheur de perdre 13 nouveaux nés. Elle se lie avec ses nouvelles voisines (Lisa, Stella, Berta) et devient leur amie. Pourtant peu à peu, un déséquilibre mental la plonge dans une folie meurtrière…

Black Journal est tout bonnement un des films les plus inclassables et les plus étonnants du cinéma italien. Pour une foultitude de raisons: sa bizarrerie, sa singularité, son originalité et le trouble qu’il suscite. Le scénario de Nicola Badalucco s’inspire d’un horrible fait divers, survenu à l’aube de la Seconde guerre mondiale en Italie: l’Affaire Leonarda Cianciulli, une femme qui assassina, démembra quelques unes de ses amies pour transformer leurs corps en… savon! Bien plus complexe qu’un simple film d’horreur basique, Black Journal se situe davantage dans le registre de la comédie noire, tant son macabre assumé et sa folie parcourent le métrage jusqu’au bout. Le cinéaste italien Mauro Bolognini, à la carrière longue comme le bras et capable de fulgurances comme d’oeuvres bien plus médiocres, est à la tête de ce sujet « casse gueule » qu’il traite avec ironie, froideur et surtout une sacrée dose d’humour glaçant. Sa réalisation, très soignée (autant dans les décors que les costumes), affiche un remarquable travail sur la composition des plans pour donner à cette peinture du déséquilibre un aspect à la fois beau et inquiétant. La formidable idée de faire jouer les rôles des femmes victimes par des hommes travestis (qui ne les singent jamais) accentue l’ambiguité sexuelle constante du film, ajoutant une part de « comique » dans un univers sombre, où l’horreur se mêle au quotidien le plus banal. Le titre original de Gran Bollito signifie la Grande Bouillie, renvoyant à la fois à la marmite immonde dans laquelle l’héroïne fait cuire les cadavres, mais également à la « bouillie » mentale d’une société italienne en déliquescence avec l’arrivée du fascisme.

Dans une distribution de premier plan, on retrouve Max Von Sydow incarnant Lisa, une des amies sacrifiées, avec une aisance confondante, héritant aussi par clin d’oeil du rôle du commissaire de police qui mettra fin aux agissements criminels de Léa, campée par une Shelley Winters démoniaque, véritable ogresse monstrueuse au physique hors normes, et qui joue avec une délectation palpable cette femme à la folie peu ordinaire. La jolie Laura Antonelli écope d’un rôle plus court, mais essentiel, apportant un peu de pureté et d’angélisme dans cette terrifiante assemblée. Dérangeant au possible, Black Journal fait partie de ces films à réhabiliter absolument!

ANNEE DE PRODUCTION 1977.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Constamment perturbant et surprenant, cette comédie d'horreur basée sur une histoire vraie fait partie des grandes réussites de Mauro Bolognini, cinéaste italien prolifique. Shelley Winters campe une criminelle terrifiante avec son sens inoui de l'outrance.

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