A l’occasion de la rentrée scolaire, Barbara Covett, une enseignante proche de la retraite, fait la connaissance de Sheba, la nouvelle professeur de dessin, une jolie trentenaire, mariée et avec deux enfants. Maladroite et assez perturbée dans ce mariage, Sheba ne trouve pas sa place auprès de ses élèves. Barbara comprend son désarroi et l’aide à surmonter ses difficultés. Les deux femmes deviennent amies, jusqu’au jour où Barbara découvre un secret inavouable concernant Sheba…
Surtout metteur en scène et scénariste de télévision et de théâtre, l’anglais Richard Eyre s’est beaucoup plus rarement illustré au cinéma. Un peu remarqué avec Stage Beauty, il signe ce second opus sur la base du roman de Zoé Heller. Cette Chronique est d’abord deux portraits de femmes nourrissant chacune des passions destructrices et secrètes et qui deviennent amies mais pas pour les mêmes raisons. D’où l’histoire d’une relation démarrant sur un malentendu. Ce drame psychologique bien tenu, au scénario simple mais fort intéressant à suivre, explore la complexité des rapports humains autant que la solitude d’une femme et la « dérive » d’une autre. En réalité, Eyre ne s’apesantit pas sur le scandale du titre, à savoir cette liaison interdite entre un adolescent de 15 ans et sa professeur, il la montre bien sûr mais davantage pour éclairer l’intrigue sur les répercussions qu’elle va avoir dans l’amitié entre les deux héroïnes. Une amitié vampirique dissimulant en fait un amour qui ne dit pas son nom. La réalisation comporte de jolis moments (surtout dans la première partie), ensuite le sujet frise le thriller dès lors que la justice vient demander des comptes et les effets sont alors plus démonstratifs.
L’attrait numéro un réside indiscutablement dans l’interprétation haut de gamme des deux comédiennes réunies ici: Judi Dench et Cate Blanchett. Chacune dans son genre (la première dure et sèche, la seconde vulnérable et lumineuse) confère à ce face à face une intensité toute particulière, offrant ainsi deux très belles performances dramatiques. Entre secrets et mensonges, passion et déraison (le tout sur la musique du compositeur Philip Glass), le film possède en outre une qualité notable: celle de ne pas porter de jugement. Plusieurs nominations importantes aux Oscars (actrices, scénario et adaptation) ont été attribués sans qu’aucune ne l’emporte, ce qui n’enlève rien à la valeur de ce film à la fois imparfait et tout à fait prenant.
ANNEE DE PRODUCTION 2006.
