Ca lui prend d’un coup à 40 ans, Fréderic veut absolument un bébé, alors que sa compagne Claire s’y est toujours refusée. Ils ont tout sacrifié au métier de pianiste professionnel de la jeune femme. Il commet alors l’impardonnable et lui fait un enfant dans le dos. Claire devient une vraie baleine et Fred vire gnangan et délire totalement sur l’arrivée du bébé.
Sophie Letourneur a précedemment réalisé quatre longs métrages, dont Les coquillettes , sans toutefois connaitre de grand succès populaire. Avec ce dernier film en date, elle choisit de traiter sur un mode comique, dans un premier temps, d’une maternité non désirée par une femme toute entière dévorée par son métier et littéralement dépendante de son mari, qui est aussi son manager et homme à tout faire. Même jusqu’à lui laisser gérer sa prise de pilules contraceptives! Grave erreur qui va permettre au film de bifurquer quasiment vers un propos plus profond du coup. Dès lors que Claire tombe enceinte et voit son corps changer, le rire est plus « tendu », plus crispé, et la réalisatrice questionne la notion de genre, les rôles très normés assignés aux hommes et aux femmes, qui doit faire quoi, qui doit assumer quoi? Bien entendu, le film s’avère assez drôle au départ, c’est ensuite que finalement, on mesure qu’il s’agit d’une réflexion sur le regard répugnant que peut porter la femme sur sa propre grossesse.
C’est donc un sujet pas vraiment politiquement correct et peu tendre, qui désacralise la maternité, avec férocité et véracité aussi. Le couple est formé par Jonathan Cohen (pour une rare fois en premier rôle et très percutant) et surtout Marina Fois, dont on ne dit jamais assez combien elle est une de nos meilleures comédiennes. Tour à tour passive, subissant les outrages d’un corps qu’elle ne contrôle plus, puis hésitante entre dégoût et lâcher prise, elle fait une composition remarquable de talent! A noter que la quasi totalité des autres acteurs sont tous amateurs et il se dégagent de leur présence une vérité non feinte (les sage femmes, les gynécos). Ce qui est revigorant ici, c’est de ne pas assister à une énième comédie balourde sur la grossesse, et c’est aussi ce qui rendra le film déroutant pour certains.
ANNEE DE PRODUCTION 2020
