Le destin de trois vampires, Lestat, Louis et Armand se retrouve mêlé pendant plusieurs siècles, alternant entre amour, trahison, solitude et soif de vengeance…
Après sa renommée internationale acquise grâce à son opus The Crying Game, l’irlandais Neil Jordan retouche au film fantastique qu’il avait déjà brillamment servi avec La Compagnie des Loups, variation érotico épouvante sur le thème du Chaperon Rouge et du Loup Garou. Cette fois, le mythe du vampire lui sert de base solide, qui plus est en adaptant le fameux roman d’Anne Rice, Entretien avec un vampire. Renouvelant avec beaucoup de sang neuf (c’est le cas de le dire) le vampirisme, Jordan nous présente des créatures certes immortelles et toujours assoiffées de sang, mais surtout dotés de réels sentiments humains, allant même jusqu’à éprouver regrets, culpabilité, jalousie. Ce sombre poème démarre à La Nouvelle Orléans en 1791 et offre une première partie réussie, rythmée par les meurtres commis par Lestat et son nouveau compagnon Louis, bientôt rejoints pour leur tenir compagnie par une fillette, elle aussi mordue à mort et devenue vampire. Ce trio évolue à travers les années, dans un récit séduisant, aux costumes extraordinaires, dans les décors de Dante Ferreri et pose la question de l’immortalité sous un angle philosophique. Le film se fend d’un sous texte homosexuel évident avec l’attirance et les désirs presque dévorants des deux héros, dépendant bientôt l’un de l’autre comme dans une relation aussi fusionnelle que toxique. Jordan passe ensuite dans un second temps dans une Europe du Second Empire, notamment dans un Paris un peu glauque et triste, où l’intrigue se traine un peu plus laborieusement et perd de son intérêt.
Jordan a convoqué un casting éblouissant pour tenir ces rôles atypiques: deux stars se côtoient pour la première fois, Tom Cruise et Brad Pitt, beaux comme des dieux (et des diables!), unissant leur talent pour faire de ce couple maudit un mémorable tandem. A leurs côtés, la toute jeune Kirsten Dunst, future actrice de Lars Von Trier et Sofia Coppola, campant une fillette enfermée dans sa vie éternelle et souffrant de ne pouvoir jamais plus grandir. Pour les rôles secondaires, l’espagnol Antonio Banderas incarne Armand, le vampire élégant très clairement amoureux de Louis, et Christian Slater joue le journaliste chargé de notifier les souvenirs racontés dans les flash backs. Alors même si Entretien avec un vampire accuse quelques faiblesses en cours de route, on peut reconnaitre à Neil Jordan d’avoir su naviguer entre film d’époque et modernité, s’autorisant des clins d’oeil astucieux à Dracula et Nosferatu, avant de clôturer sur l’air mythique des Rolling Stones, Sympathy for the Devil, fort approprié.
ANNEE DE PRODUCTION 1994.
