LA CEREMONIE

A Saint Malo, Madame Lelièvre engage Sophie pour entretenir l’importante maison familiale. La jeune femme est volontaire, mais un peu mutique. Est ce son apparente absence d’émotion qui la rend si étrange? Elle fait la connaissance de Jeanne, la postière du village, une femme délurée, décomplexée et qui n’est pas du tout aimée par la famille Lelièvre. L’amitié des deux femmes va révéler à chacune des aspects enfouis de leur personnalité…

Auteur et réalisateur de beaucoup de très bons polars depuis la fin des années 60, Claude Chabrol n’avait pas son pareil pour épingler les mesquineries, la condescendance et l’hypocrisie de la bourgeoisie de province et avec La Cérémonie, c’est un peu comme s’il atteignait le sommet de sa charge et de son regard acide. A travers le portrait de deux femmes au passé trouble, unies dans leur complicité, il s’inspire largement du récit de Jean Genet Les Bonnes et adapte le roman de Ruth Rendell L’analphabète, pour délivrer un scénario redoutable sur la lutte des classes, dans une société en pleine implosion. Les pauvres contre les riches, les exploités contre leurs maîtres. L’écriture est concise, imparable et pointe d’infinis détails menant un début assez tranquille (en apparence) jusqu’au climax aussi percutant que glaçant. Tout en laissant une part d’ombre à ses personnages (chacun cache quelque chose), Chabrol gratte là où ca fait mal, n’hésitant pas à éliminer tout manichéisme facile: les bourgeois sont ici plutôt sympathiques, attentionnés, mais d’une manière si exagérée qu’ils en deviennent « suspects » et les deux héroïnes naviguent entre le Bien et le Mal, toutes aveuglées qu’elles sont par la revanche à prendre sur des existences qu’elles subissent. La mise en scène subtile et hyper efficace ne cherche à condamner ou à absoudre personne: Chabrol livre un film frappant, car il mêle à la fois la simplicité et la complexité. Avec une malignité ironique, le cinéaste rassemble tous les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’un final inéluctable.

L’analphabétisme de Sophie (la bonne) et la possible culpabilité de Jeanne (la postière) n’expliquent pas à elles seules la dérive de leurs comportements: elles sont des êtres humains dont on tente sans cesse de concevoir les « motivations ». Au milieu du suspense psychologique, des séquences de comédie se distinguent, où l’on sent poindre comme un cynisme noir. L’autre immense réussite du film réside dans le casting: si le couple Jean Pierre Cassel/Jacqueline Bisset campe des bourgeois très crédibles, c’est le binôme Isabelle Huppert/ Sandrine Bonnaire qui sidère par sa puissance. Deux actrices si différentes et pourtant si justes dans leur union. Huppert remporta son premier César, plus que mérité. Probablement le film le plus abouti de Chabrol. Un chef d’oeuvre, même si ce terme a trop tendance à être utilisé à tort et à travers.

ANNEE DE PRODUCTION 1995.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Eclatante réussite pour Chabrol, au zénith de son Art. Scénario implacable, réalisation sans gras. Le tandem Huppert/Bonnaire fait des étincelles.

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