La quarantaine, Lucas est un éducateur d’école maternelle apprécié de tous. Homme solitaire et sans histoires, il essaie de se remettre d’un divorce douloureux grâce à l’appui de ses amis et de son fils, Marcus. Mais un jour, une fillette l’accuse d’attouchements sexuels. Dès lors, sa vie bascule…
Festen fut un choc cinématographique pour tous et fit connaitre Thomas Vintenberg au grand public. Drunk le consacra comme un cinéaste vraiment brillant et obtint tous les honneurs et plusieurs prix dans des festivals. Mais entre ces deux films, le danois réalisa ce drame puissant et grave, dans lequel il se penche sur un sujet fort: le poids de la rumeur détruisant la vie d’un homme. Son protagoniste, Lucas, est en effet accusé à tort de pédophilie, suite au mensonge d’une gamine et mis au ban de la société, rejeté par ses plus proches amis, et viré de son boulot d’éducateur. Vintenberg montre combien en très peu de temps un être humain devient un paria, jugé par l’opinion publique et déchu de ses droits fondamentaux. Ce doute qui s’installe chez son entourage aboutit à son éviction totale. Pourtant, l’auteur reste tout le temps du côté de cet homme et prend clairement le parti d’orienter le spectateur vers une certitude: il est innocent, sans équivoque, et subit cette injustice en courbant l’échine… jusqu’à un certain point. L’histoire rappelle bien sûr un autre film célèbre, Les Risques du Métier, sauf qu’André Cayatte laissait constamment ouverte la possibilité que son « héros » soit en fait coupable.
Grâce à une mise en scène efficace et un malaise constant, La Chasse décrit la traque et la pression supportée par un homme intègre, assommé par les accusations dont il doit se justifier. Comme une menace diffuse, l’acharnement du groupe perdure même quand le mensonge est dénoncé. Captivant chaque plan, l’acteur Mads Mikkelsen, ici en pleine possession de son art, incarne avec une force peu commune ce personnage endurant le pire. Il gagna le Prix d’Interprétation à Cannes, totalement mérité. Les paysages bucoliques de ce Danemark campagnard n’atténuent en rien la violence de ses habitants et de la haine qu’ils déploient. Vinterberg peut se vanter d’avoir implacablement prouvé que la vérité ne sort pas toujours de la bouche des enfants.
ANNEE DE PRODUCTION 2012.