LA LECTRICE

Constance aime tellement lire qu’elle décide d’en faire son « métier », en devenant lectrice à domicile pour des particuliers. L’occasion pour elle de faire des rencontres tout à fait atypiques…

D’après l’ouvrage de Raymond Jean et associé au scénario de sa productrice et épouse Rosalinde Deville, le réalisateur français Michel Deville articule cette comédie hautement spirituelle, à laquelle on peut accoler une multitude d’adjectifs: ludique, poétique, fantaisiste, intelligent, raffiné, etc… La Lectrice est tout cela en effet et plus encore, grâce à la magie des mots lus par l’héroïne, des textes de Duras, Tolstoï, Marx, Maupassant ou Sade prenant vie sous nos yeux et surtout sous nos oreilles enchantées par cette musique un coup romanesque, un coup doucement érotique. Cet univers enchanté nous est servi sur un plateau d’argent par la mise en scène aussi rigoureuse que subtile de Deville, un cinéaste qui s’y entend pour créer des ambiances feutrées et perverses (on se souvient de ces excellents Eaux Profondes ou Péril en la demeure). Mais ici point de drame ou de thriller sous jacent, il s’agit de comédie légère, grivoise par instants, littéraire tout le temps. Sur un rythme saccadé et très musical (les notes de Beethoven n’évoquant là rien de tragique, mais plutôt d’aérien et de joyeux), le film expose des personnages hauts en couleur (une générale russe marxiste, un jeune tétraplégique s’éveillant au désir, un magistrat égrillard et un PDG en crise existentielle et sexuelle) dans des situations savoureuses où l’héroïne les distrait, les émoustille avec sa voix pleine de charme. Certes, La Lectrice peut s’apparenter à un exercice de style proche du théâtre filmé, pourtant c’est un théâtre bigrement vivant, amusant, jamais soporifique.

La pierre angulaire du projet tient en tout cas à l’interprétation très précise de Miou Miou, impériale dans ce rôle qui lui va comme un gant et dont elle capte toutes les nuances. Son allant naturel et sa coquetterie discrète apportent beaucoup à l’esprit recherché par Deville. En prime, une cohorte de seconds rôles rendent l’ensemble définitivement jouissif: la grande Maria Casarés, inoubliable dans Les Enfants du Paradis, Brigitte Catillon délicieuse maman attentive au bien être de son garçon handicapé, Pierre Dux hérite du personnage lubrique du juge écoutant Sade, et enfin Patrick Chesnais (César pour lui) tient celui du chef d’entreprise survolté avec gourmandise. La Lectrice ou l’art de faire dire de belles choses à de belles personnes et d’atteindre un niveau d’élégance définissant quasiment toute l’oeuvre de Michel Deville. Prix Louis Delluc.

ANNEE DE PRODUCTION 1988.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Avec Eaux Profondes et Péril en la demeure, le meilleur film de Michel Deville. Inventif et ludique, toujours élégant, un scénario qui sublime les mots comme rarement. Miou Miou est un délice à elle toute seule.

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