Fabienne Dangeville, grande star française de l’écran, vient de publier ses mémoires sous le titre de La Vérité. Elle tourne en parallèle un film de SF. Sa fille, Lumir, avec qui elle entretient une relation amour/haine débarque chez elle avec son mari, acteur de seconde zone et leur petite fille. La tension s’intensifie entre elles lorsque l’assistant de Fabienne décide de partir et de confier la tâche de s’occuper de l’actrice à Lumir…
A peine un an après sa Palme d’Or cannoise pour Une Affaire de famille, le japonais Hirokazu Kore Eda pose sa caméra en France pour sa première réalisation sur notre sol et dans notre langue! Traitant de nouveau de son thème de prédilection, à savoir les relations familiales, il tisse un scénario tournant autour d’un rapport mère/fille plus que compliqué. Le film est également une étude de la vie d’une actrice célèbre, arrivée presque au soir de sa vie et de sa carrière, et les retrouvailles avec sa fille vont lui permettre aussi de faire un bilan de son passé. L’écriture est moins délicate que d’habitude, Kore Eda force davantage le trait et cette fois, les non dits, les reproches et le manque d’amour s’invitent en trouble fêtes. Ce drame, non dénué d’accents de comédie, rondement élaboré, manque de son lot de surprises et glisse vers un déroulement plus ou moins attendu. L’autodérision et l’humour vachard permettent de suivre l’intrigue avec une certaine réjouissance, même si l’on peut regretter que le réalisateur nippon ne se soit pas plus accordé de subtilité. Kore Eda joue avec le changement de saison, passant de l’automne à l’hiver, sur une mise en scène élégante, à l’instar du rapport entre la mère et la fille, évoluant imperceptiblement au fur et à mesure du temps.
La Vérité (que l’on ne parviendra jamais à découvrir vraiment) repose énormément sur le duo d’actrices majestueux réuni par le cinéaste japonais. Catherine Deneuve et Juliette Binoche tournent ensemble pour la première fois et leur rencontre attise bien sûr la curiosité. Deneuve brille par sa sagacité, son débit toujours aussi saccadé et son port de tête impérial, incarnant presque son propre rôle dans un jeu de miroirs astucieux. Binoche, quant à elle, plus en retrait, compose son personnage de fille de star en faisant apparaitre les fêlures de l’enfance, le déficit de regard bienveillant sur elle, et s’en sort avec les honneurs. Face à ce tandem « monstre », il ne reste pas grand chose à jouer pour leur partenaire Ethan Hawke, presque là par « utilité ». Ce joli film laisse pourtant un arrière goût de déception et d’inaboutissement, surtout en regard de son casting alléchant.
ANNEE DE PRODUCTION 2019.
